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dirions améliorées, si un pareil terme pouvait s’appliquer à un pareil objet. La convention de Genève de 1864 a fait beaucoup pour la protection des blessés : à partir de ce moment, un souffle d’humanité a paru passer sur les champs de bataille. Dix ans plus tard, sur l’initiative de l’empereur Alexandre II, une conférence s’est réunie à Bruxelles. On était alors presque au lendemain de la guerre franco-allemande, qui avait été conduite avec tant de rigueur, pour ne pas employer un terme plus fort, et l’émotion qu’elle avait laissée dans les esprits n’était pas encore apaisée. Le moment était à coup sûr moins favorable qu’il ne l’est aujourd’hui pour rédiger un code de la guerre et pour le faire accepter par le monde civilisé. Cependant, l’œuvre de la conférence de 1874 n’a pas été stérile. Il n’y avait alors, à Bruxelles, que treize puissances représentées. Leurs représentans, après un mois de labeur, rédigèrent, pour être soumis à leurs gouvernemens respectifs, un « projet de déclaration internationale concernant les lois et coutumes de la guerre, » composé de 56 articles, qui traitaient successivement : de l’autorité militaire sur le territoire de l’État ennemi, des belligérans, des moyens de nuire à l’ennemi, des sièges et des bombardemens, des espions, des prisonniers de guerre, du pouvoir militaire à l’égard des personnes privées, des contributions et des réquisitions, des parlementaires, des capitulations, de l’armistice, des belligérans internés et des blessés soignés chez les neutres. Tels sont les titres de chapitres énumérés dans le projet de déclaration : ils suffisent à montrer quel vaste champ la conférence avait embrassé. Avant de se séparer, elle rédigea un protocole final où elle disait : « Il a été unanimement constaté que les progrès de la civilisation doivent avoir pour effet d’atténuer, autant que possible, les calamités de la guerre, et que le seul but légitime que les États doivent se proposer durant la guerre est d’affaiblir l’ennemi, sans lui infliger de souffrances inutiles. Ces principes ont rencontré un assentiment universel. Aujourd’hui, la conférence, se maintenant dans la même voie, s’associe à la conviction exprimée par le gouvernement de S. M. l’empereur de Russie, qu’il y a un pas de plus à faire en révisant les lois et coutumes générales de la guerre, soit à l’effet de les définir avec plus de précision, soit afin d’y tracer d’un commun accord certaines limites destinées à en restreindre, autant que possible, les rigueurs. La guerre, étant ainsi régularisée, entraînerait de moindres calamités, serait moins sujette aux aggravations qu’y apportent l’incertitude, et l’imprévu, et les passions excitées par la lutte ; elle conduirait plus efficacement à ce qui doit être son but final, c’est-à-dire le rétablissement