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en pleine Amérique du Sud, où se trouvent les gisemens de nitrate, soit dans l’Australie de l’Ouest, de Perth à Coolgardie et à Kalgurli, pays des mines d’or, soit dans le district dénommé Northern Territory, où la colonie de l’Australie du Sud a fait pénétrer un chemin de fer visant le centre de ce continent, soit dans la région de l’Asie centrale, où les Russes, les pionniers de cette sorte de travaux, ont construit le chemin de fer transcaspien, soit dans le désert de Libye, où les Anglais viennent de faire le chemin de fer de l’Atbara pour éviter les cataractes et les méandres du Nil.

Partout le désert reçoit des chemins de fer et les alimente ; nulle part le manque d’eau n’a été un obstacle à la voie ferrée. A Coolgardie, premier siège des mines d’or ouest-australiennes, l’eau, en 1895, se vendait couramment 6 pence le gallon, soit 0 fr. 15 le litre, et, avant sa distillation[1], elle était de plus mauvaise qualité que l’eau que trouvent nos avant-postes dans le Sahara : cela n’a nullement empêché la locomotive d’arriver à Coolgardie et de dépasser même cette station. Dans le Turkestan, les trains font quelquefois 160 kilomètres sans rencontrer une goutte d’eau. Il s’en faut que la situation apparaisse comme aussi défavorable, nous ne disons pas dans le Sahara en général, mais même sur le plateau de Tassili, qui en forme la partie la plus sauvage. La carte de M. Foureau y révèle des quantités d’oueds, et, si à sec qu’ils puissent se trouver dans certaines saisons, il n’y en a pas moins là des ressources que l’on peut aménager, soit par des citernes, soit par des puits artésiens. Dût-on renoncer à cette ressource, les puits actuels, mieux entretenus, suffiraient. Mais il est quasi certain que ces quantités d’eau pourront être considérablement accrues, même sur le plateau de Tassili. Les reconnaissances toutes récentes du capitaine Pein, se rattachant à la mission Foureau, le démontrent. Chef du poste de Ouargla, cet officier, très au courant du Sahara septentrional, ayant poursuivi, il y a un an, un rezzou jusque dans la région de Ghadamès, fut chargé de maintenir le contact avec la colonne Foureau-Lamy et d’assurer les courriers. Il s’avança jusqu’à Tadent, au delà du 23e degré, plus au sud que le point où Flatters avait trouvé la mort, et à plus de 1 000 kilomètres d’Ouargla ; il revint par la sebkha d’Amagdor et Amguid, route différente de celle qu’avait suivie la

  1. Voir dans la Revue du 1er juin et du 1er août 1896, les études de M. Pierre Leroy-Beaulieu sur l’Australie.