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répondre aux besoins et aux demandes des maîtres. Les livres manquent, qui serviraient à ces maîtres de guides et de memento. Tout au plus en citerait-on deux ou trois desquels on pourrait attendre ce service, et le seul d’entre eux qui ait été écrit par un homme vraiment familier avec les choses de l’art est tellement sommaire, en raison de l’étroitesse du cadre où l’auteur a dû s’enfermer, que l’on y chercherait en vain beaucoup des renseignemens pour lesquels on a recours d’ordinaire à des ouvrages de ce genre[1]. Nous n’avons rien en France qui ressemble à cette Histoire des Arts plastiques dont Carl Schnaase a tracé le plan et à laquelle il a donné son nom[2]. Nous n’avons même pas l’équivalent, pour la richesse de l’information et pour l’abondance de l’illustration, des manuels de Kugler, de Lübke, et de Ludwig von Sybel[3].

Sauf le précis de Lübke, ces ouvrages ne sont accessibles qu’aux personnes qui lisent l’allemand. Conviendrait-il d’en procurer une traduction française ? C’est ce que l’on peut se demander, non sans quelque hésitation. Il est commode, sans doute, d’avoir à portée de sa main un de ces livres où l’on est sûr de trouver la date et le nom que l’on cherche, le catalogue des principales œuvres d’un artiste, les renvois aux monographies ; mais, d’autre part, dans le mérite même du livre et dans la confiance qu’on lui voue, il y a une tentation et un danger, la tentation d’y prendre des jugemens tout faits, le danger de s’habituer à le consulter plutôt que les monumens. Pour aller voir un musée, une ruine, une église, il faut se déplacer, tandis que, pour tourner les feuillets d’un volume, il suffit de lever le doigt. Or, s’il est un enseignement qui ne puisse s’accommoder des redites banales et des

  1. Bayet, Précis de l’Histoire de l’Art, in-8o, 1886, 350 pages et 112 figures (Bibliothèque de l’Enseignement des Beaux-Arts).
  2. Carl Schnaase, Geschichte der bildenden Kunst, 2e édition, corrigée et augmentée, avec des gravures sur bois dans le texte, 8 vol. in-8o, 1865-1873.
  3. Franz Kugler, Handbuch der Kunstgeschichte. La 4e édition, revue et corrigée par Wilhelm Lübke, est de 1861 et forme 2 volumes in-8o. Lübke, tout en s’occupant de mettre au courant l’ouvrage de Kugler, qui datait de 1841, a voulu fournir aux étudians et aux artistes un livre plus élémentaire ; il a donné, en 1860, un volume in-8o de 720 pages, intitulé Grundriss der Kunstgeschichte ; l’antiquité n’y prend guère plus du quart de la place. C’est, au contraire, à l’antiquité seule qu’est consacré un ouvrage plus récent, que mettent fort au-dessus des précédens la précision d’une science très bien informée et le soin avec lequel les figures ont été exécutées : nous voulons parler de celui de Ludwig von Sybel, la Weltgeschichte der Kunst bis zur Erbauung der Sophienkirche, in-8o, 1888, 479 pages, une planche en couleur et 380 figures dans le texte.