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un mode d’enseignement qui soit, mieux fait pour frapper l’esprit en parlant aux yeux, qui ait chance de laisser dans la mémoire des impressions plus nettes ?

Il n’est pas d’établissement où il ne soit aisé d’installer une salle qui se prête au jeu de cet appareil. Le tout est de pouvoir y faire la nuit à volonté, soit pendant la journée, en fermant un volet, soit le soir, en baissant à la fois tous les becs de gaz. Quant au prix de la lanterne et à celui des positifs de projection, tout montés, il est très modique, et un garçon de laboratoire apprendra, en quelques heures, à manier l’instrument. Ce qui manquerait peut-être maintenant, ce serait des suites de clichés où toutes les époques de l’art, où tous les grands styles nationaux fussent représentés ; mais, une fois que l’usage de ces séances serait devenu général dans l’enseignement de l’art, il se trouvera des éditeurs pour constituer ces séries. S’ils s’y refusaient, on s’adresserait à l’Allemagne ; plusieurs maisons y sont déjà en mesure de livrer des séries de figures qui sont fort bien composées.

C’est encore à l’Allemagne qu’il faudrait aller demander, jusqu’à nouvel ordre, un secours d’un autre genre, celui de planches d’assez grande dimension, qui rendraient là le service dont s’acquittent, dans les cours de géographie, les cartes murales. On peut dire de la photographie ce que l’on a dit de l’esprit : elle sert à tout, mais ne suffit à rien. De la peinture, elle supprime la couleur. Elle déforme la statue, qui n’est pas tout entière dans le même plan, qui offre des parties très saillantes. Quant aux édifices, c’est toujours en perspective qu’elle les montre ; elle ne saurait donc en donner les dimensions vraies, la longueur, la largeur et la hauteur ; elle ne les donne ni séparément, dans leur valeur numérique, ni collectivement, dans leur relation de mutuelle dépendance.

Pour percevoir ces rapports, c’est du plan qu’il faut partir, du plan auquel viennent se superposer les élévations et les coupes. On aura beau avoir sous les yeux une vue des ruines du Parthénon ; sans un plan qui indique la place jadis occupée par les colonnes et par les murs qui ont été renversés, on n’aura qu’une bien vague idée des dispositions d’un temple dorique périptère à trois nefs et à cella partagée en deux salles de grandeur inégale. La vue ne se comprendra que si l’on a commencé par regarder le plan, puis une coupe longitudinale ou transversale de l’intérieur restauré. On en peut dire autant d’une église romane ou gothique. Par ces