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la Sainte-Chapelle, la basilique de Saint-Denis et le château de Versailles. Peut-être pourrait-on parfois, pour les plus curieux et les plus zélés, pousser l’excursion jusqu’à Chantilly et à Fontainebleau. On n’aurait donc, à Paris, pour ces leçons de choses, que l’embarras du choix. Il n’en serait pas tout à fait de même en province ; mais les grandes villes possèdent des musées qui renferment des œuvres de premier ordre, et il est peu de villes, même de second et de troisième rang, qui n’aient pas, soit dans leurs murs, soit dans leur voisinage immédiat, des édifices de l’antiquité, du moyen âge ou de la Renaissance qui donnent ample matière au maître pour expliquer et justifier les idées qu’il aurait exposées du haut de sa chaire.

Pour montrer aux jeunes gens ces musées et ces édifices, il faudra que le maître commence par aller les étudier sur place ; il aura donc à ne point ménager ses pas, à prendre sur ses heures de loisir ; mais cet effort et ce sacrifice, il en sera amplement payé, d’abord par ce qu’il aura ainsi ajouté à ses propres connaissances, puis par le vif plaisir que ses élèves prendront à l’écouter et par le bénéfice qu’il les verra retirer de ces courses et de ces entretiens.

Ce maître de l’avenir, nous aurions quelque chose encore à lui demander : ce serait de savoir un peu dessiner, de manière à pouvoir, tout en parlant, tracer à main levée, avec la craie, sur le tableau noir, l’esquisse d’un plan, la coupe d’une nef de temple ou d’église, le profil d’une moulure. Rien ne réveille et ne soutient l’attention de l’auditeur comme ces croquis exécutés sous ses yeux ; ils interrompent le cours, toujours un peu monotone, de la leçon débitée du haut de la chaire. C’est un plaisir pour l’élève de suivre du regard ce contour qui se développe sous le doigt qui le crée ; ainsi perçue à l’état naissant, la forme se grave dans son esprit, qui sera dès lors en mesure de se la représenter, au premier appel, avec les particularités qui la caractérisent.


IV

Nous avons dit quelles études et quelles garanties nous croirions utile de demander aux maîtres qui auraient à enseigner l’histoire de l’art et, d’autre part, quel outillage il conviendrait de leur fournir, pour que cet enseignement eût prise sur les intelligences et y laissât une marque durable. Il reste à trouver, dans