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ouvertement, lors même qu’ils les violent. Il se définissait dans le passé, il se définissait dans le présent ; les deux définitions se recouvraient ; et, pour seconder l’initiative impériale, il n’avait qu’à les réaliser une fois de plus. D’examiner ou de discuter les détails de cette initiative elle-même, il s’en gardait soigneusement ; une adhésion de principe lui paraissait tout à la fois plus généreuse et plus discrète. Il ne se précipitait ni ne se refusait. D’un bout à l’autre de ce document, on observait beaucoup de dignité et beaucoup de sérénité. Il va de soi que la question romaine était passée sous silence : Léon XIII, gravement recueilli en face de la communication du Tsar, songeait à l’humanité sans faire retour sur lui-même.


III

Quelques mois s’écoulaient, et, le 16 janvier 1899, M. Tcharykoff adressait au Saint-Siège un second message : c’était la circulaire du comte Mouravieff aux représentans diplomatiques accrédités près du Tsar, datée du 30 décembre 1898, et contenant le programme de la future conférence. Le cabinet de Saint-Pétersbourg, derechef, faisait une exception en faveur du Pape, en lui transmettant un document uniquement destiné aux puissances représentées auprès du Tsar.

Le cardinal Rampolla répondait, à la date du 10 février. Dès le début de sa réponse, il tenait à relever, avec une insistance digne de remarque, » la louable intention, visible à la simple lecture de la circulaire, d’éliminer dans la mesure du possible les obstacles, nombreux et sérieux (nè pochi nè lievi), qui surgissent en une matière aussi délicate et complexe ; » et, souhaitant que la conférence fût « féconde en résultats pratiques, » il augurait que « l’achèvement d’une aussi noble entreprise couronnerait d’une auréole de gloire le siècle finissant. » Ainsi, à Rome comme à Saint-Pétersbourg, on consentait qu’à la faveur de certains silences, certaines pierres d’achoppement, toujours redoutables, fussent préalablement écartées.

Les huit articles du programme élaboré par M. le comte Mouravieff sont encore présens à toutes les mémoires ; les sept premiers concernaient des questions d’ordre plutôt technique : non-augmentation des effectifs, emploi des explosifs et des torpilleurs, police des guerres maritimes et des guerres continentales ; le huitième