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encaissée par les armateurs anglais. En outre, le charbon, que les navires emportent pour leur consommation ou comme lest, ne figure pas au nombre des exportations. Les constructions maritimes ont dépassé 1 550 000 tonnes, réparties entre 744 vapeurs et 17 voiliers, contre 1 222 000 en 1897. On signale toutefois, au printemps de 1899, un ralentissement d’activité dans les chantiers de la Clyde, dû, selon certains avis, au renchérissement des matières premières.

La production anglaise métallique n’a pas suffi à la consommation du Royaume-Uni, qui a dû augmenter ses importations de fer espagnol, suédois et américain. Des compagnies de chemins de fer indiennes et anglaises ont commandé des locomotives en Amérique. Cependant les exportations britanniques de fer et d’acier ont encore été de 3 millions de tonnes en 1898. Les arrivages de coton, 4393 000 balles d’un poids moyen de 507 livres, ont été plus considérables qu’en aucune autre année. Nous pourrions passer ainsi en revue un grand nombre d’industries : nous constaterions presque partout un progrès analogue.

L’Italie ne reste pas étrangère à l’animation dont l’Europe est le théâtre. Elle aussi a vu se fonder dans les dernières années de nombreuses affaires industrielles. Elle cherche à développer son industrie électrique, qui peut lui rendre plus de services qu’à tout autre pays, à cause de sa pénurie de houille : elle paie tous les ans à l’étranger un tribut de 200 millions de francs pour ses importations de charbon ; il est aisé de comprendre quel intérêt elle a à tirer parti des centaines de milliers de chevaux de force que peuvent lui fournir les chutes d’eau des Alpes et des Apennins, pour substituer le courant électrique à la vapeur dans la traction des chemins de fer, et dans d’autres industries.

L’Espagne elle-même, au lendemain de la guerre qui l’a débarrassée de ses colonies, présente le spectacle d’un réveil sérieux. Depuis plusieurs années déjà, se poursuivaient les efforts de cette nation, demeurée quelque peu en arrière au point de vue commercial et industriel : l’agriculture s’était relevée ; des industries s’étaient créées on différens points du territoire, qui avaient permis à l’Espagne de diminuer ses importations ; ce mouvement continue avec une telle intensité que, dans plusieurs provinces, on signale une notable difficulté à recruter un nombre suffisant d’ouvriers. D’anciennes sociétés n’ont pas réussi à conserver tout le personnel dont elles ont besoin, tant les créations