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nouvelles sollicitent de bras. Depuis longtemps le sol de la péninsule ibérique était connu comme un de ceux qui renferment la plus grande quantité de richesses métalliques : ses mines de fer, de cuivre, de mercure, de plomb argentifère sont exploitées avec un redoublement d’activité. Beaucoup de nos compatriotes sont à la tête de ces entreprises, que des constructions de chemins de fer encouragent, en leur permettant à la fois d’expédier leur minerai et de faire arriver aux mines le matériel et les ressources dont elles ont besoin.

La Russie est en voie de transformation ; son essor industriel mériterait à lui seul une étude approfondie. Depuis une vingtaine d’années, elle a étonné le monde et s’est étonnée elle-même en apprenant à mettre en valeur ses richesses minières et en créant, sur différens points de son immense territoire, de puissans centres manufacturiers. Depuis 1877, la production de la fonte, du fer et de l’acier n’a cessé de s’accroître en Pologne, dans l’Oural, en dernier lieu dans le sud : elle a dépassé 2 millions de tonnes en 1898. Le pays importe encore plus de 2 millions de tonnes de charbon par an, malgré l’ouverture constante de nouveaux bassins houillers, malgré les ressources considérables que fournit le naphte de Bakou, combustible employé dans un rayon de plus en plus étendu, depuis la Caspienme jusqu’à Moscou, dans tout le bassin du Volga. Déjà la Russie produit plus d’acier que la France. Le développement de la région d’Ekaterinoslaw, où se trouvent réunies un certain nombre de grandes usines russes, a marché avec une rapidité qui confond l’imagination : « On croirait, dit notre consul, M. Verstraete, à la génération spontanée en matière industrielle. » L’entrain avec lequel les capitaux étrangers, notamment ceux de la Belgique, de la France, de l’Angleterre, se sont portés vers les affaires russes, a été pour beaucoup dans ce succès, qui est un des événemens économiques notables de notre époque.

Mais il ne faut pas borner notre revue à l’Europe ; il convient de porter nos regards, de l’autre côté de l’Atlantique, vers un pays qui marche à pas de géant, et qui, non content de suffire aujourd’hui à la plupart des besoins de ses 75 millions d’habitans, commence à entrer en lutte avec les nations de l’Ancien Monde sur les marchés asiatiques et même européens. Les exportations américaines, en avril 1899, ont atteint 450 millions de francs et dépassé les importations de 120 millions ; la différence