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L’exportation anglaise de fer et d’acier, qui, dans les années prospères, s’est élevée jusqu’à 4 millions de tonnes, ne paraît pas devoir dépasser, en 1899, les trois quarts de ce chiffre. En même temps, ses importations augmentent, et non pas seulement de minerai, mais de produits fabriqués : elle est donc moins forte à un double point de vue : elle dépend davantage des marchés étrangers pour ses propres approvisionnemens, et elle y rencontre une concurrence formidable pour ses exportations. Les États-Unis ont produit, en 1897, 179 millions de tonnes de charbon, alors que la Grande-Bretagne en a extrait 202 millions : il est probable que, d’ici à peu, c’est l’Amérique qui fournira le chiffre le plus élevé.

Cette force conquérante que les Américains sentent en eux se traduit parfois avec une exubérance dont il n’est pas sans intérêt de noter l’expression. Lors de la dernière réunion, qui a eu lieu à Philadelphie, en avril 1899, de l’Académie des sciences politiques et sociales, M. Robert T. Hill s’écriait : « La récente expansion de notre nation a été la résultante de forces puissantes agissant par l’intermédiaire des atomes individuels de la société, qui se mouvaient sans aucun plan politique préconçu. La plus grande partie de cette croissance, comme celle du papillon, s’est effectuée dans la chrysalide, et ce n’est que l’année dernière que nous en sommes sortis, pour apparaître aux yeux du monde dans une forme remarquable, qui attire l’attention de l’univers et nous étonne nous-mêmes, lorsque nous contemplons notre grandeur et notre puissance. Nul ne peut prédire ni savoir où ni comment ces forces nouvelles nous dirigeront. Les moteurs dynamiques de notre expansion ont été la qualité supérieure du citoyen créé par nos institutions ; son désir de s’élever et de gagner, qui s’est manifesté dans les découvertes mécaniques et dans le commerce ; enfin ses aptitudes inventives et administratives. L’esprit des États-Unis a été de développer chez chaque citoyen la capacité de grandir : la croissance de la nation n’est que le résultat naturel de la faculté des individus de s’élever et d’étendre leur action. La possession de ces forces nous donne le sentiment que nous pouvons entrer en lutte avec le monde et être à la hauteur de toute difficulté politique ou industrielle qui se produirait. »

Il faut reconnaître que l’énergie commerciale et l’esprit inventif des Américains justifie la confiance qu’ils ont dans leur