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américain (gagne plus que l’européen, la quantité de salaires à payer pour telle ou telle pièce à produire est inférieure en Amérique à ce qu’elle est en Europe, grâce surtout à l’emploi fréquent et judicieux de machines-outils. M. Charles R. Flint, dans un discours prononcé au mois de mai à l’Union Club de Boston, a déclaré que la capacité de production de ces dernières, en Amérique, égale celle de 400 millions d’ouvriers travaillant sans ces machines.

Les combinaisons de trusts ne se sont pas bornées à la métallurgie. Dans les trois premiers mois de 1889, il en a été formé pour un capital de plus de 8 milliards de francs, s’appliquant aux industries les plus variées : sucre de betterave, laiton, glace, tuyaux de conduite, soie, gaz, navigation électrique, distilleries du Kentucky, brasseries du Maryland, sel, balances automatiques, fourniture de matériel scolaire, ciment, tramways, blanchisserie, lait, autotrucks, pêcheries du Pacifique, caoutchouc, sardines, papiers, chaussures, vernis. L’une de celles qui ont le plus fait parler d’elles est la Copper amalgamated company, l’union des cuivres, fondée sous les auspices du célèbre roi du pétrole, Rockefeller, qui a commencé par acquérir un intérêt considérable dans la mine Anaconda, le premier producteur du monde, dont les fonderies ont livré en une année jusqu’à 60 000 tonnes de métal, c’est-à-dire le septième du total universel. Le capital de ces divers trusts est divisé en à peu près deux tiers d’actions de préférence, un tiers d’actions ordinaires, et une fraction insignifiante d’obligations. Ces dernières seront probablement émises en plus grande quantité dans l’avenir, lorsque les compagnies, dans les périodes de réaction, auront besoin de se procurer des capitaux. D’autre part, la plupart des actions de préférence étant cumulatives, c’est-à-dire ayant droit à un dividende fixe, prélevé sur les exercices suivans dans le cas où les bénéfices d’une ou de plusieurs années n’ont pas suffi à le payer en totalité ou en partie, il en résulte que le revenu des actions ordinaires est beaucoup plus aléatoire. Quoi qu’il en soit, et quels que doivent être un jour les mécomptes que certains de ces titres peuvent réserver à leurs souscripteurs, il était utile de donner à nos lecteurs l’idée des affaires qui se font de l’autre côté de l’Océan et de la forme que les Américains ont adoptée pour l’organisation de beaucoup de leurs industries.

La prospérité de celles-ci est accompagnée par une activité