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même titre que le cirque ou l’arène les foules antiques. Es avaient pourtant, disaient-ils dès le 16 mars 1834, « l’espérance fondée que les courses se propageront en France d’une manière considérable » et, dans un rapport net et substantiel, ils traçaient à leurs futurs collègues la voie dans laquelle ceux-ci devaient marcher pour favoriser la production de sujets d’élite.

A côté des membres qui s’occupaient, les uns d’adjoindre à l’association naissante un cercle, devenu cette maison éminemment confortable et recherchée qu’est le « Jockey-club » actuel, les autres de décréter le port d’un uniforme, pour les jours de courses, consistant en un frac olive à boutons d’or, auquel le seul M. Mackenzie-Grieves demeura jusqu’à sa mort fidèle ; à côté de ceux qui s’attachaient ainsi à l’agrément ou au panache, il se forma très vite, dans le sein du comité, un noyau d’hommes d’expérience, ardens à l’œuvre entreprise, convaincus de son utilité. Dans la rédaction du Code des courses, dans celle des programmes annuels, ils prirent modèle tout d’abord sur l’Angleterre ; mais peu à peu, appliquant leurs propres idées, ils s’attachèrent, aux points de vue des distances à parcourir, des poids, de l’âge des chevaux admis sur la piste, et de la proportion des différentes épreuves suivant leur nature, à des méthodes assez différentes de celles pratiquées par nos voisins, et néanmoins si justes et si sages, que le Jockey-club britannique, reconnaissant aujourd’hui leur supériorité, a récemment décidé de modifier ses propres erremens, en adoptant en quelque manière ceux qu’a préconisés depuis un demi-siècle notre grande Société française.

Si la phalange de nos pur-sang, chaque jour plus nombreuse, et passée, de 40 chevaux seulement en 1834, à 200 en 1852, 460 en 1869, 900 en 1890 et près de 2 000 en 1898, est le principe originel du perfectionnement de l’espèce tout entière ; si les courses sont le moyen, universellement admis parce qu’il est le seul certain, d’opérer, parmi cette bande déjà sélectionnée par la naissance, une sélection nouvelle par la valeur ; la façon même dont les courses sont comprises et dirigées par leurs organisateurs exerce une influence vitale sur la qualité de la race pure. Les trois livres de plomb qu’avait en poche le prince d’Harcourt, en 1661, pour peser autant que son adversaire, étaient le fondement des systèmes appliqués de nos jours : tantôt les chevaux concurrens doivent porter des poids semblables, ou, suivant leurs âges, des poids plus ou moins forts, afin que, leurs chances étant