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de nouveau ; il est obligé de se contenter d’une transaction qui lui accorde moins qu’il n’avait demandé. Quant aux Boers, ils ont cruellement expié les fautes par eux commises, et les concessions qu’ils ont dû faire ont introduit, ou introduiront bientôt dans la place, faut-il dire l’ennemi ? Cela dépendra de leur attitude future à l’égard des nouveaux citoyens. Il est probable que M. Cecil Rhodes, dont les entreprises restent aléatoires, n’abandonnera rien de ses projets. On aurait tort de compter sur l’apaisement et sur l’humeur désormais conciliante de M. Chamberlain. Il y a même des difficultés au Transvaal, et le bruit de la démission de M. Kriiger a couru. La crise est arrivée heureusement à la fin d’une de ses étapes, et c’est tout ce qu’on peut dire. Raison de plus pour que les Boers ne fournissent pas de prétextes à des gens tout disposés à en user contre eux, et que, pour sauver leur pays, ils n’emploient pas une fois encore les moyens les plus propres à le perdre

Francis Charmes.




UN PEU PLUS DE LUMIÈRE


Depuis tantôt un an que nous nous sommes imposé la loi de ne pas reparler de « l’affaire Dreyfus, » — avant qu’un jugement définitif eût éliminé de sa propre affaire le capitaine Dreyfus lui-même, en le déclarant innocent ou coupable, — nous avons fidèlement tenu notre engagement. Si nous le rompons aujourd’hui, à l’occasion de la mesure qui vient d’atteindre le général de Négrier, nous n’essaierons pas de nous persuader, ni de persuader à nos lecteurs que nous ne le rompons point, etencore bien moins que cette mesure n’a rien de commun avec l’affaire Dreyfus. Le général de Négrier, quoique ne s’étant trouvé mêlé, ni de près, ni de loin, à l’affaire, n’en est pas moins une victime de l’affaire, comme aussi bien tant d’autres officiers ou fonctionnaires que le gouvernement ne se montre pas moins prompt à frapper, quand on le lui demande, qu’impuissant à défendre, quand on les attaque. Et nous ne prenons parti ni pour ni contre le général de Négrier, ne sachant pas si le gouvernement l’a frappé à tort ou à raison ; mais c’est précisément de quoi nous nous plaignons, et c’est ce qu’il est monstrueux que l’opinion supporte.

Voilà tantôt deux ans que, dans cette malheureuse affaire, les gou-