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journée, calculait qu’il débourse 42 francs pour le Pari mutuel, 20 francs pour son entrée au pesage, sans parler de la voiture qui l’y amène, il serait épouvanté et se condamnerait au loto jusqu’à sa mort. Seulement il n’y trouverait pas le même plaisir.

Les 7 pour 100, recueillis en vertu de la loi sur le montant des enjeux, vont, comme on sait, jusqu’à concurrence de 2 pour 100 aux œuvres « de bienfaisance » — à celles surtout, disent de méchantes langues, que les députés influens jugent bienfaisantes pour leur réélection ; — 1 pour 100 est versé au ministère de l’Agriculture, pour les haras, et 4 pour 100 sont abandonnés, à titre de frais de gestion, aux sociétés de courses, avec obligation d’affecter les économies qu’elles réalisent sur ce chapitre à l’accroissement des prix distribués. En fait, l’exploitation du Pari mutuel ne coûtant pas plus de 1 fr. 40 à 1 fr. 50 pour 100 des sommes encaissées, il reste environ 2 fr. 50 pour 100 qui profitent à l’élevage, à Paris ou en province.

Le fonctionnement de cette comptabilité, soumise à l’inspection des agens de l’Etat, est un modèle de bon ordre ; et ce n’est pas mince besogne que de manipuler en trois heures, par petites sommes, devant une foule impatiente, plus de 3 millions de francs. Les 1100 employés qui y procèdent — l’effectif est parfois porté à 1 600 — sont répartis en un certain nombre de bureaux, composés chacun de deux caissiers, un receveur-distributeur et un timbreur, appartenant à des ministères ou à de grandes maisons de banque et de commerce. Ces fonctions, rétribuées pour la plupart à raison de 20 francs par séance, sont très recherchées ; plus de 10 000 postulans ont leur demande classée dans les cartons.

L’affichage des chevaux partans, des gagnans, des sommes à distribuer, le service des téléphonistes et des estafettes, comprend en outre, à Longchamp, une centaine de personnes. Rien que dans la lanterne centrale de la pelouse, 14 hommes sont exclusivement occupés à tirer les ficelles des numéros qui leur sont transmis du pesage, et à mettre en évidence les plaques indicatrices. Il faut faire vite : on ne joue que pendant un quart d’heure ou dix-sept minutes seulement, à chaque course, entre le moment où se pèse le premier jockey et la sonnerie annonçant l’arrêt des paris, à la seconde même du départ, quand le drapeau du starter s’abaisse.

Chaque bureau dispose sur un tableau apparent, autant de