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qualités de soin, d’attention et d’exactitude qu’ils possèdent à un si haut degré.

Le chemin de fer de Tientsin à Pékin est un exemple encourageant pour l’avenir des chemins de fer en Chine. « En outre, — me disait Mgr Favier, vicaire apostolique de Pékin, avec l’autorité de ses trente-sept ans de séjour en Chine, tandis que nous faisions ce trajet dans le même compartiment, — en outre, c’est un précédent, ce qui est énorme, ce qui est tout en Chine. On a longtemps hésité à poser la première ligne télégraphique. Aujourd’hui les fils rayonnent vers toutes les frontières de l’empire, jusqu’au Tonkin et à la Birmanie, jusqu’à l’Amour, jusqu’à Yarkand et à Kachgar, au fond du Turkestan, à mille lieues de Pékin. Il y a maintenant quelques centaines de kilomètres de chemins de fer, rien ne s’oppose plus à ce qu’il y en ait bientôt des dizaines de mille, » On sera peut-être tenté de trouver qu’il y avait un peu d’optimisme dans les paroles de l’éminent missionnaire, mais il est bien vrai qu’en Chine surtout, c’est le premier pas qui coûte.

Si les concessions devaient aller du même train qu’elles ont fait depuis la fin de la guerre avec le Japon, et si toutes les lignes concédées devaient être rapidement construites, il est certain que la prédiction de Mgr Favier ne tarderait pas à se réaliser. Durant les quatre années qui viennent de s’écouler depuis la signature du traité de Shimonoseki, il a été concédé aux Européens quelque 10 000 kilomètres de voies ferrées dans l’Empire du Milieu, et, pour bon nombre d’entre elles, comprenant plus de 4 000 kilomètres, on s’est déjà mis à l’œuvre. Le surplus est moins avancé ; pour les unes, les fonds n’ont pas encore été souscrits ; pour les autres, les contrats de concession sont à peine signés, et les sociétés qui doivent les exécuter n’ont pu encore se constituer. Outre les lignes déjà concédées effectivement, le gouvernement chinois a pris vis-à-vis de certaines puissances des engagemens de principe relatifs à l’exécution de quelques lignes qui les intéressent particulièrement, mais dont la direction générale est seule encore déterminée : il a promis d’en confier, en temps opportun, la construction à leurs nationaux. Enfin, les faiseurs de projets ne manquent jamais ; il y a longtemps que la question des chemins de fer chinois a attiré leur attention. Dès 1885, Jules Ferry, alors ministre des Affaires étrangères, ne faisait-il pas dresser une carte des chemins de fer en Chine ? Aujourd’hui que les gouvernails du Céleste Empire ont dû consentir,