Page:Revue des Deux Mondes - 1899 - tome 155.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

point de vue pratique, mais consultons l’opinion universelle. Cette opinion est inquiète en raison des intérêts, vitaux pour elle, que nous avons à discuter ; elle redoute que nous aboutissions à des résultats purement apparens, platoniques. Et il faut bien reconnaître que ces inquiétudes ont leur origine dans les expériences d’un passé récent. » Quel était donc ce mystère ? Qu’est-ce qui se préparait dans la coulisse et qu’avait-on à craindre ?

On le sut au bout de quelques semaines, quand le projet fut soumis à la seconde lecture. La séance du 4 juillet débuta par un coup de théâtre. Le docteur Zorn informa le comité d’examen que l’Allemagne « n’était pas en état d’accepter l’arbitrage obligatoire. » Pourquoi ? C’est ce qu’il n’expliquait pas. Que faire ? Une fois que l’empire d’Allemagne se mettait en dehors du concert européen, le concert ne pouvait plus se former. Cependant, comme le professeur de Königsberg reconnaissait, dans une phrase entortillée, que l’Allemagne avait admis, avant la réunion de la Conférence, le principe de l’arbitrage obligatoire dans quelques cas (conventions postales universelles, conventions relatives aux transports par chemin de fer, conventions métriques, etc.), M. de Martens fît un dernier effort pour ébaucher une transaction. Les articles 10 et 11 de la convention auraient été rédigés comme il suit : « L’arbitrage est reconnu comme le meilleur moyen de régler les cas de litige relatifs à... suivaient les quatre cas dans lesquels le gouvernement allemand était engagé à l’arbitrage par conventions particulières (art. 10). « Pour les cas de litige non visés à l’article 10, l’arbitrage est reconnu comme très désirable et recommandé dans les cas suivans : suivait alors une énumération analogue à celle de F ancien article 10 (art. 11). «L’adjectif « obligatoire » disparaissait. Mais le représentant de l’Allemagne ne transigea pas et repoussa cette nouvelle proposition « qui déterminait, en fait, croyait-il, des cas d’arbitrage obligatoire. » Il n’y avait plus moyen de se faire la moindre illusion. Des regrets très vifs furent exprimés au nom de la France par M. Bourgeois, au nom des Pays-Bas par M. van Karnebeek. Mais il fallait plier sous les instructions irréductibles du gouvernement allemand.

On a reproché quelquefois à la diplomatie ottomane ses faux-fuyans et ses réticences interminables. Un tel reproche eût été, cette fois, bien immérité. La Sublime Porte tint à faire adhésion à la politique de l’empire allemand avec un éclat particulier. Turkhan-Pacha fit, au nom du Sultan, à la neuvième séance de