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NOS PEINTRES DU SIÈCLE

DERNIÈRE PARTIE[1]


V

Ce fut en 1857 que le Palais des Champs-Elysées ouvrit pour la première fois ses portes aux artistes. Ils étaient bien loin de se douter que beaucoup des leurs le verraient tomber !

Cette exposition mit plusieurs noms en relief : Pils, qui attirait l’attention publique avec un Débarquement des troupes en Crimée ; Belly, avec de superbes vues d’Afrique ; et Baudry, avec cinq ou six toiles importantes.

J’ai raconté dans la Vie d’un artiste que ma Bénédiction des blés, très mal placée d’abord, n’avait pu être appréciée que vers la seconde moitié de la durée du Salon, après le remaniement... J’étais devant ma toile, qu’on venait de descendre des hauteurs qui la dérobaient aux yeux du public, et je la regardais, tout heureux de la voir enfin à la cimaise, lorsqu’un jeune homme accourut vers moi et me sauta au cou en me disant : « Que je t’embrasse pour ton ciel ! » C’était Paul Baudry. On me pardonnera de rapporter ici ce compliment qui fait surtout l’éloge du cœur généreux d’où il est sorti. La joie que j’en ressentis fut doublée par celle de revoir cet ami tant admiré.

Il arrivait de Rome, triomphant. Jamais plus beau rayon de gloire n’éclaira un début. Edmond About, un autre favori de

  1. Voyez la Revue du 1er juillet et du 1er août.