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est tournée vers le Nord. Ses côtes sont bordées de récifs et d’îlots. Une chaîne de montagnes assez élevées la traverse dans toute sa longueur. Les rivières sont nombreuses, mais de peu d’étendue. Le climat est chaud et sec ; les vents du Nord et de l’Est le tempèrent. L’île abonde vraiment en richesses minérales, celles qu’énumère M. Robert Porter, et d’autres : houille, cuivre, argent, aimant, cristaux de roche, salines, eaux thermales ; et en richesses agricoles : sucre, café, tabac, bois de construction, de teinture, d’ébénisterie.

Elle est à quelques heures seulement de l’extrême pointe de la Floride, c’est-à-dire des Etats-Unis. Par là, sa valeur spécifique s’accroît de sa va leur de position. Elle vaut infiniment plus pour les États-Unis que pour toute autre puissance et notamment que pour l’Espagne, dont la séparait toute la largeur de l’Atlantique. C’est ce que les États-Unis ont compris, dès qu’il y a eu des États-Unis : le gouvernement et le peuple, les hommes d’État et les hommes d’affaires. Avoir Cuba, tout de suite tout le monde est tombé d’accord là-dessus : ce n’est que sur le procédé, acheter ou prendre, que l’on s’est divisé. Nous n’insisterons pas sur cette histoire que nous avons à cette place même déjà contée[1], ou plutôt nous n’y rentrerons que par un seul de ses côtés. La persistance jamais découragée des États-Unis dans leur ferme dessein de se faire céder l’île, au besoin à beaux deniers comptans, prouve le très haut intérêt qu’ils ont toujours attaché à sa possession.

Le 28 avril 1823, M. Adams, secrétaire d’État du gouvernement américain, écrivait à M. Nelson : « Les îles de Cuba et de Puerto-Rico appartiennent encore à l’Espagne, et il n’y a que l’Espagne qui puisse en transférer la possession. Cuba et Puerto-Rico, par leur situation et leurs dépendances naturelles sur le continent Nord-Américain, mais en particulier Cuba que l’on découvre presque de nos côtes, en sont venus à être pour les intérêts de l’Union américaine, soit commerciaux, soit politiques, un objet d’une importance transcendante. La position dominante de Cuba, par rapport au golfe du Mexique et aux mers occidentales ; le caractère de sa population ; sa situation à mi-chemin de notre côte méridionale et de l’île de Saint-Domingue ; le port, si sûr et si vaste, de la Havane, vis-à-vis d’une longue ligne de côtes américaines dépourvues

  1. Voyez, dans la Revue du 1er mai 1897, Cuba, l’Espagne et les États-Unis.