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d’un même avantage ; la nature de ses productions et celle de ses besoins, fournissant les élémens et exigeant les retours d’un commerce à bénéfices immenses, lui donnent une importance de premier ordre, sans comparaison, et un intérêt peu inférieur à celui qui unit les différens membres de l’Union américaine en un même corps. Tels sont, en vérité, les intérêts de cette île et de ce pays, les relations géographiques, commerciales, morales, politiques, formées par la nature ; ajoutons-y que, dans la suite des temps et même dès à présent, vu ce qui s’est passé depuis un demi-siècle, les événemens feront vraisemblablement que l’annexion de Cuba à notre république fédérale soit indispensable pour la continuation et l’intégrité de l’Union elle-même... »

On ne s’en tenait d’ailleurs pas à des déclarations de principe, et déjà l’on dressait des bilans, on établissait des devis, on examinait article par article le budget cubain : recettes, tant ; dépenses, tant ; excédens, tant. En août 1823, M. Appleton estimait ces excédens à 1 500 000 pesos fuertes, chiffre probablement exagéré. Vingt-cinq ans passent, et, en 1848, un successeur de M. Adams au département des Affaires étrangères, M. Buchanan, s’exprime ainsi dans une dépêche à M. Saunders, ministre des Etats-Unis à Madrid : « Sous le gouvernement des Etats-Unis, Cuba arriverait à être l’île la plus riche et la plus fertile du monde entier. D’après la statistique commerciale de Mac Gregor, il n’y aurait eu de cultivé qu’un douzième de l’île seulement. « Nous n’avons pas de renseignemens, ajoutait M. Buchanan, sur la superficie que couvre à présent (1848) la culture à Cuba : mais, d’une comparaison de la valeur des produits exportés en 1830 avec celle des produits exportés en 1842, et par différens calculs, nous déduisons la probabilité que la terre actuellement cultivée peut s’élever à un huitième de l’île environ. » Et l’auteur poursuit : « Quand nous comparons cette surface cultivée au vaste territoire qui reste sans culture dans le sol fertile de Cuba, et au produit que l’île entière donnerait, il n’y aurait pas d’exagération à dire que l’Europe pourrait ne tirer que de Cuba tout le café et tout le sucre qu’elle consomme aujourd’hui. M. Mac Gregor expose que la population générale de l’île ne dépassait pas, en 1841, 1 007 624 âmes ; mais, des renseignemens qui viennent d’être présentés, on peut inférer à bon droit que Cuba serait capable de nourrir 10 millions d’habitans. Si Cuba faisait partie des États-Unis, il serait difficile de calculer la quantité de