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a gagné encore plus d’un million de tonnes et, à présent, est de 7 872 000 tonnes, assurément Cuba ne réalisera pas tout à fait la prédiction de M. Buchanan ; l’Europe ne tirera pas d’elle seule tout son sucre, et elle en enverra peut-être encore à l’Amérique, mais Cuba à elle seule fera quand même plus du quart de la production universelle. Après avoir subi la concurrence du sucre de betterave, le sucre de canne, servi par un de ces puissans. trusts, comme il ne saurait manquer de s’en former là-bas, lui fera concurrence à son tour : Cuba, sinon américaine, du moins américanisée, prendra sa revanche. Et ce sera profit pour les États-Unis ; mais ce sera aussi profit pour Cuba. L’Europe, toutefois, — et nous particulièrement, qui venons avec l’Allemagne en tête de la production du sucre de betterave, — pourrait bien n’y pas trouver son compte.


III

Longtemps la partie orientale de l’île, les trois provinces de Santiago de Cuba, de Puerto-Principe et de Santa-Clara avaient été consacrées particulièrement à la culture du café. C’est en 1742 et d’Haïti, suivant les uns, en 1709 et de la Martinique, suivant les autres, quelques-uns disent de Saint-Domingue et par les émigrés français, que cette culture fut introduite à Cuba. D’où qu’elle vînt, elle prit tout de suite une grande importance, donna naissance à une industrie florissante, et l’on s’accoutuma à considérer le café de Cuba comme une des meilleures marques. Néanmoins, peu à peu la culture du sucre s’affirma comme beaucoup plus rémunératrice ; en 1843 et 1846, de désastreux ouragans ravagèrent les plantations ; le Brésil, placé dans des conditions politiques et économiques plus favorables, pourvu d’un outillage plus moderne et plus perfectionné, entra en pleine production, et le café de Cuba disparut presque des marchés étrangers.

Il existe pourtant encore de nombreuses plantations, mais en général assez petites, qui, telles quelles, subviennent à la consommation locale, et, dans ces limites, ne sont pas une mauvaise affaire. De 1890 à 1896, la seule province de Santiago de Cuba a donné 14 048 490 livres (pounds) de café[1]. Chaque arbre portant en moyenne 3 livres de café en cerises, à 5 400 pieds par hectare,

  1. Robert P. Porter, Induslrial Cuba, p. 349.