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effet, des 12 000 000 de sacs, auxquels on évalue dans le monde entier la production de ce fruit, le Brésil en fournit 7 500 000 ; le reste du continent américain, 2 300 000 ; les Indes hollandaises, 1 000 000 ; Haïti, 500 000 ; Ceylan et Manille, 320 000 ; l’Afrique, 230 000 ; et Puerto-Rico, enfin, 150 000[1]. C’est déjà un présent prospère, qui permet d’augurer un plus prospère avenir. M. Robert Porter dit que, même à Cuba, la question de la culture du café mérite toute l’attention des colons américains qui ne manqueront pas d’y apporter leur argent, leur travail et leur hardiesse d’entreprise. Si cela est vrai de Cuba, à laquelle l’Espagne s’est contentée de renoncer sans la céder à personne, combien ne s’efforcera-t-on pas de le faire plus vrai encore de Puerto-Rico, que l’Espagne, par un traité en bonne et due forme, a cédée aux États-Unis !


IV

Le tabac prend place, par ordre d’importance, parmi les productions cubaines, immédiatement après le sucre et loin, très loin avant le café. D’après un bon juge, M. Gustave Bock, de la maison Henry Clay et Bock, de la Havane, la production annuelle du tabac dans l’île de Cuba, en temps normal, serait celle-ci : dans la province de Pinar del Rio (l’extrême pointe occidentale. de l’île), tabac dit de la Vuelta Abajo, de beaucoup le plus fin et le plus parfumé : 260 000 balles ; dans la province de la Havane, tabac qu’on appelle Partido : 70 000 ; dans la région de las Villas, province de Santa-Clara, tabac dit de Remedios : 130 000 ; et dans les provinces orientales, tabac dit de Mayari et de Gibara : 100 000 ; au total, 560 000 balles. Chaque balle pesant en moyenne 50 kilos, ce seraient donc 28 000 tonnes de tabac que produirait annuellement l’île de Cuba.

Cette évaluation n’est-elle pas un peu forcée ? Elle dépasse, en tout cas, de moitié celle que donnait, en 1895, dans un travail d’allure officieuse, un auteur compétent, que nous avons déjà plusieurs fois cité, D. Pablo de Alzola y Minondo, délégué de la Liga nacional de productores à la commission nommée pour la réforme des tarifs de Cuba et de Puerto-Rico : il s’en tient alors plus modestement à 12 000 tonnes, et il est difficile de croire qu’en

  1. Chiffres de 1894, D. Pablo de Alzola, Relaciones comerciales.