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vague que c’est à peine si nous nous risquons à la mentionner.

Le registre des arrestations, conservé à la Préfecture de police, porte deux fois le nom de Raby. Un premier Raby, Jean-Etienne, a été arrêté, à l’audience du Tribunal révolutionnaire, le 11 ventôse an 2, conduit à la Conciergerie, ramené au tribunal le lendemain 12 ventôse, et, ce même jour, condamné à mort. Il était accusé de « participation à une conspiration formée dans plusieurs communes du district de Rosny. » C’était un vieillard de soixante ans, « garde-chasse de l’émigré Montesquiou. » Celui-là, évidemment, n’a pu rencontrer Castellane, qui, en ventôse de l’an 2, remplissait encore sa charge d’officier municipal à Aubergenville. Mais, à la suite de son nom, le registre de la Préfecture de police porte celui d’un autre Raby (sans indication de prénoms, d’âge, ni de métier), qui a été enfermé au Plessis le 27 ventôse, et mis en liberté le 30 messidor. Rien n’empêche de croire que ce second Raby ait été fils du premier, qu’il ait eu pour femme Julie Courcelles, et que ce soit à lui que se rapporte ce que nous savons du mari de cette jeune femme. Malheureusement sa mise en liberté est du 30 messidor, et Castellane n’a été transféré au Plessis que près d’un mois plus tard : de sorte qu’on ne devine toujours pas où et comment les Courcelles ont pu le rencontrer. Tout au plus avons-nous le droit d’imaginer que l’exécution du vieux garde-chasse et le long emprisonnement de son fils auront eu pour effet d’intéresser toute la famille au sort des malheureux qui restaient en prison. Clémentine dit à Castellane, dans une de ses premières lettres, que son frère a à s’occuper d’autres prisonniers. Peut-être le frère et les deux sœurs se sont-ils, au début, chargés chacun de la cause d’un des détenus du Plessis, bien que, dès les lettres suivantes, tous trois ne s’occupent plus que de Castellane.


III

Mais ce ne sont là que des hypothèses gratuites ; et la vérité est que nous ne savons absolument rien des auteurs de ces lettres. Tenons-nous-en donc aux lettres elles-mêmes, qui, d’ailleurs, avec l’impénétrable mystère dont elles sont entourées, ont très suffisamment de quoi nous intéresser. Elles sont, comme nous l’avons dit, au nombre de quatre-vingt-sept, et s’étendent sur un espace d’environ soixante jours. Quelques-unes sont de simples billets, tandis que d’autres remplissent au contraire des feuillets