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LES ÉPOQUES DE LA MUSIQUE

L’ANTIQUITÉ


Histoire et théorie de la Musique de l’antiquité, par M. F.-A. Gevaert ; 2 vol. Gand Annoot-Braeckmann. — La Poésie de Pindare et les lois du lyrisme grec, par M. Alfred Croiset ; Hachette, 1895. — La Danse grecque antique, par M. Maurice Emmanuel ; Hachette, 1896. — Théorie du rythme dans la composition moderne, d’après la doctrine antique, par M. Jules Combarieu ; Paris, Picard, 1897.


I

Heureux celui qui cherche dans le marbre le secret du génie de la Grèce. Il n’a, pour le connaître, qu’à regarder le fronton des temples et le visage des dieux. De plus humbles figures même peuvent le lui révéler. Il y a près de quarante ans, la fantaisie d’un écrivain délicieux, et que nous venons de perdre, évoqua dans Athènes un groupe de personnages choisis. Il les nomma simplement, comme dans les contes ou les dialogues, la Marquise, l’Abbé, Milord, le Docteur et le Chevalier. Chaque jour d’un radieux été, unis par la ferveur d’une admiration commune, les pèlerins de beauté gravissaient l’Acropole. A l’ombre tournante des colonnades, assis sur des plians et des coussins, ils « s’entretenaient à l’envi des choses divines. » Leurs discours avaient pour thème l’un des chevaux dont Phidias orna la frise du Parthénon. Pour thème et pour point de départ : de ce cheval, qui n’est qu’un détail dans la décoration de l’édifice, le dialogue ne tardait pas à s’élever et à s’étendre, suivant le mode platonicien, aux principes généraux et aux causes supérieures. Un seul chef-d’œuvre témoignait ainsi de tout un art et suffisait à l’expliquer.