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Cette impression est confirmée par les trois ecclésiastiques qui furent chargés en 1897-1898 d’inspecter l’enseignement biblique dans les écoles de bureau scolaire de Sheffield. Tous les trois exprimèrent, dans leur rapport[1], leur satisfaction de la manière sérieuse dont les maîtres d’école s’acquittaient de cette partie de leur tâche, d’autant plus difficile qu’ils n’avaient pas, comme leurs collègues des écoles anglicanes, le concours du clergé.

En somme, les écoles de bureau scolaire sont neutres au point de vue confessionnel. Elles ne méritent le nom de laïques que dans ce sens qu’elles sont gouvernées par des conseils de laïques, élus par les contribuables, et ne sont pas, comme les écoles libres anglicanes ou catholiques, contrôlées directement par des ecclésiastiques. Mais, il s’en faut de beaucoup qu’elles soient étrangères à la religion, l’instruction biblique qu’on y donne est assez solide pour servir de préface à un enseignement plus dogmatique, qui est donné à l’école du dimanche ou au catéchisme. En tout cas, les parens peuvent toujours recourir à la « clause de conscience » et en profiter, grâce à la sage prévoyance qui a placé les exercices religieux au commencement ou à la fin de la journée, sans faire perdre aux enfans le bénéfice des autres leçons.

Chose étrange, l’obligation de fréquenter l’école a précédé la gratuité, chez nos voisins. La loi de 1870 avait déjà accordé aux bureaux scolaires le droit de faire des règlemens locaux pour assurer la fréquentation régulière des écoles de leur dépendance, mais les écoles libres (voluntary) étaient livrées à elles-mêmes. Ce sont les lois de 1876 et de 1880 qui ont généralisé l’obligation scolaire. La première, proposée par lord Sandon, ministre du cabinet Disraeli, en a posé le principe nettement : « Il est du devoir des parens de tout enfant de lui procurer une instruction effective dans les élémens de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique, et si les parens manquent à ce devoir, ils seront responsables et passibles des peines édictées par la présente loi. »

D’après le bill, tout enfant de cinq à quatorze ans était tenu de fréquenter l’école. Aucun enfant au-dessous de dix ans ne devait être employé dans les fabriques, et, à partir de cet âge, on exigeait un certificat de l’inspecteur, constatant qu’il avait passé le niveau de la 4e classe. En cas de négligence de la famille ou de vagabondage habituel, les parens étaient passibles d’une amende

  1. Copies of H. M. inspector’s biblical reports for 1897-98.