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port intérieur de la Devèze pouvait à peine suffire à leur manutention. Heureusement le fleuve était là avec ses larges rives, développant sur près de 10 kilomètres sa belle courbure qui lui a fait donner le nom de « port de la Lune, » pouvant présenter à la fois toutes les ressources d’un bassin de stationnement, d’un entrepôt flottant et de quais indéfinis. Le commerce se transporta donc naturellement sur la rive de la Garonne, et il y est dès lors resté.

La ville augmenta naturellement en proportion du mouvement du port. Un grand nombre de maisons, des couvens, des églises étaient en dehors des remparts ; il fallut renoncer à la première et à la seconde enceinte ; et, en 1302, on en construisit une troisième de toutes pièces, englobant les deux précédentes et circonscrivant une surface environ deux fois plus grande, soit près de 80 hectares. A l’Ouest, elle passait entre l’hôtel de ville et la cathédrale de Saint-André ; au Nord, elle traversait, un peu en amont du couvent des Chartrons, le grand palus où s’éleva, cent cinquante ans après, le château Tropeyta ou Trompette, qui devait plus tard servir d’assiette à la fastueuse promenade des Quinconces et qui aboutissait à la Garonne, à peu près au milieu du quai Louis XVIII ; au Sud elle s’étendait jusqu’à Sainte-Eulalie et au monastère Sainte-Croix, et venait rejoindre la Garonne entre les quais actuels de la Paludate et le quai de Sainte-Croix, à 300 mètres environ en aval du viaduc métallique moderne. Elle mesurait près de 5 700 mètres de circuit, dont 3 800 ceinturant la ville du côté de la terre et 1 900 longeant la Garonne en présentant une légère concavité. Cette façade de près de 2 kilomètres sur le fleuve comprenait la partie occupée aujourd’hui par les quais Sainte-Croix, de la Monnaie, des Salinières, de Bourgogne, de la Douane, de la Bourse et la moitié du quai Louis XVIII. Elle n’a cessé de s’embellir depuis et de s’étendre à ses deux extrémités, et le port actuel n’a pas moins de 9 kilomètres de développement, sur une largeur moyenne de 500 mètres.

En amont, la gare maritime de Brienne, que l’on devrait mieux appeler la gare fluviale, se soude à la gare des marchandises de la Compagnie des chemins de fer du Midi. C’est le point de départ d’une voie ferrée qui court le long de la Garonne, desservant les cales, les quais, les appontemens échelonnés sur cet immense parcours et se retournant à l’extrémité du quai de Bacalan pour suivre les plates-formes du bassin à flot et des docks