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L’Adria et le Saint-Louis suivent quelques jours plus tard le Mangrove, pour l’aider dans ses opérations, au cours desquelles ces navires sont toujours protégés par des cuirassés. D’autres navires sont également munis d’outils et d : engins spéciaux pour rompre les câbles.

Malgré ce grand déploiement de forces, pendant plusieurs semaines les tentatives faites sont complètement infructueuses. Les dragages exécutés à quelque distance de la côte restent sans résultat. Les côtes cubaines présentent cette particularité, commune à presque toutes les Antilles, de descendre à pic à de grands fonds, de telle sorte qu’à une faible distance du rivage, on trouve déjà une grande profondeur de mer. Le dragage des câbles y est donc difficile, si l’on ne vient les chercher aux atterrissages. C’est ce que, après de nombreuses tentatives inutiles, les Américains doivent se résoudre à faire et, même dans ces conditions, ils n’ont obtenu des succès que par des coups d’audace et en courant de très sérieux dangers.

Le 18 mai, le Saint-Louis, voulant faire une tentative décisive pour couper, devant Santiago, les câbles de la Jamaïque, qui avaient été inutilement cherchés au large, avait commencé les dragages à 7 milles du feu de Santiago. Peu à peu, ne trouvant pas de câble, il se rapproche de la côte jusqu’à un mille de l’entrée de la passe de Santiago. A cet endroit, il croche un câble ; mais, au même moment, le feu des forts espagnols commence et l’opération devient dangereuse ; le travail se précipite, on monte le câble à bord, on le coupe et on en rejette hâtivement les bouts à la mer. Le Saint-Louis se retire bien convaincu qu’il a interrompu les communications avec la Jamaïque. La nouvelle en est donnée par toute la presse américaine : c’est un véritable exploit. On annonce, en même temps, que le câble français de Santiago a été coupé vers son atterrissage à Haïti et que, par suite, Cuba est complètement isolée.

Or, le câble relevé était un tronçon de vieux câble, abandonné dans une réparation ancienne ! Ce vieux câble, noyé depuis de longues années, ne devait plus s’attendre à revoir le jour dans une circonstance aussi glorieuse. Aucune des lignes télégraphiques de Santiago n’avait en réalité été atteinte. Quant au câble français, il n’a jamais été touché sur la côte d’Haïti.

Ayant reconnu le résultat négatif de l’expédition tentée à Santiago, les Américains ne se tinrent pas pour battus. Ils