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l’atterrissage ne pouvait être abordé, il fut impossible de couper la communication, qui n’a pas cessé de fonctionner jusqu’à la fin des hostilités. Elle semble d’ailleurs avoir été de peu d’utilité pour les Espagnols et avoir peu gêné les Américains, qui en étaient arrivés à organiser, sous la direction d’un homme du plus haut mérite, le brigadier-général A. W. Greely, un remarquable service de surveillance sur toutes les lignes télégraphiques qui pouvaient rejoindre Cuba. Ce service fut incontestablement un des élémens du succès des Américains, qui furent puissamment aidés par le désarroi et le découragement jetés parmi leurs adversaires, grâce à l’absence de nouvelles et de renseignemens exacts.

Un enseignement ressort, en tous cas, d’une manière frappante de l’ensemble de ces faits : c’est que, contrairement à ce que l’on pensait jusqu’à présent, la rupture des câbles par des moyens improvisés offre de très grandes difficultés. Les Américains ont mis en œuvre des ressources et des forces considérables contre un pays mal défendu, et ce n’est qu’au prix de très grands dangers qu’ils ont réussi à rompre quelques lignes. Autant, en effet, il est facile, à un navire installé et outillé pour ce travail, et à un personnel expérimenté, de relever et de réparer un câble dont la position est exactement connue, autant il est difficile et peu pratique, en temps de guerre, de rechercher des câbles hors des points où ils viennent atterrir à la côte. C’est uniquement sur ces points qu’il a été possible d’arriver à quelques résultats, et encore le récit qui vient d’être fait montre combien certaines opérations ont été périlleuses.

Il semble, dès lors, que l’on trouverait des garanties de défense en gardant secret le tracé des câbles que l’on pose, et en dissimulant les atterrissages au lieu de les marquer, comme on le fait aujourd’hui, par des guérites et des balises visibles de très loin. Il semble aussi qu’il serait aisé de choisir l’emplacement des atterrissages, de manière à y organiser une défense qui en rendrait l’approche dangereuse en temps de guerre.

Une autre constatation ressort des mêmes faits : c’est l’intérêt que présentent les communications télégraphiques en temps de guerre. Isoler Cuba de l’Espagne et des autres pays a été le but qui, au commencement de la guerre hispano-américaine, attira tout d’abord les efforts des Américains. Leurs premières opérations furent engagées pour couper les câbles ; ils y ont réussi incomplètement puisque les câbles de la Jamaïque sont restés en service.