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aisée à l’heure présente, car les enseignemens de la guerre hispano-américaine et de la guerre du Transvaal paraissent avoir disposé le gouvernement et l’opinion publique elle-même à porter de ce côté leur attention et leur sollicitude.

Il ne s’agirait pas, au surplus, d’engager directement l’État dans les dépenses d’établissement des réseaux et d’en faire porter toute la charge au budget. L’intervention de l’initiative privée pourrait fournir en France, comme cela a eu lieu en Angleterre, les moyens de réaliser ces entreprises. Seulement, il faut bien comprendre et admettre que les nouveaux réseaux télégraphiques, n’ayant plus le choix des pays riches à desservir, ne seront d’abord et pour plusieurs années que des instrumens politiques établis en vue de défendre un intérêt d’ordre général pour le pays ; ils ne deviendront des instrumens d’industrie et de commerce, productifs de ressources suffisantes pour assurer leur existence, que progressivement, au fur et à mesure du développement de nos colonies et, partant, du trafic télégraphique. C’est seulement après quelques années qu’ils pourront vivre par eux-mêmes et se passer d’un concours gouvernemental.

Ce concours, qu’il soit donné sous forme de subventions, comme en Angleterre, ou de simples garanties, doit être fourni, pour les débuts, dans des conditions assez larges pour apporter au moins la sécurité aux capitaux engagés. Il serait amplement justifié par un intérêt politique dont on ne peut plus méconnaître l’importance. Cet intérêt est de la même nature, du même ordre que celui qui a fait, il y a cinquante ans, accorder les subventions postales. Aujourd’hui, la télégraphie complète la poste, la précède dans toutes les relations éloignées ; elle est, tout autant que sa respectable devancière, un moyen d’incontestable influence et elle peut être appelée à jouer un rôle autrement actif et utile dans la solution des questions qui intéressent notre avenir et notre défense en pays d’outre-mer. Pourquoi, dès lors, ne pas admettre l’idée d’un large concours de l’Etat en faveur des réseaux télégraphiques, pour les mêmes raisons qui ont fait inscrire les subventions postales au budget et les y font maintenir ?

Pour rassurer les esprits que l’équilibre de nos finances pourrait inquiéter, il faut se hâter de dire que cette participation de l’État serait vraisemblablement bien loin d’atteindre le chiffre des subventions actuellement attribuées aux services postaux. De plus, au lieu d’être permanente comme la charge des subventions