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DU ROLE COLONIAL
DE L’ARMÉE

Le titre de cette étude : Du rôle colonial de l’armée, éveillera peut-être la pensée qu’il s’agit ici d’un plaidoyer exclusif en faveur du régime militaire aux colonies.

C’est au-devant de cette pensée, la plus éloignée qu’il se puisse de notre esprit, que nous voudrions aller tout d’abord.

La suite de ces quelques pages montrera que l’emploi de la force armée dans les entreprises coloniales, tel que nous le concevons, tel que la pratique l’a déjà sanctionné, s’applique, quelle que soit la formule du régime, à moins que l’on suppose des colonies sans force armée, ce qui est, tout le monde l’admettra, au moins prématuré.

Du reste, si cinq années d’expérience coloniale nous ont appris quelque chose, c’est à coup sûr le plus complet éclectisme quant à l’étiquette du régime.

Le besoin des formules théoriques et l’amour des systèmes étant un des apanages de nos compatriotes, il suffit que la conversation s’ouvre entre « coloniaux » d’habits différens, pour aboutir presque toujours à une discussion passionnée sur les mérites respectifs du régime militaire ou du régime civil.

Or il ne nous semble pas que la question se pose ainsi sous la forme d’un dilemme.

Il est du reste à remarquer que la discussion en arrive très vite à des questions de personnes, chacun tirant argument à l’appui de sa thèse du gouverneur X… ou du gouverneur Y…, et ainsi, sans le vouloir, adversaires et partisans de chacun des