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Sauf le noyau central et quelques falaises bordant la « mer sauvage, » l’île est en général assez plate. Elle paraît avoir éprouvé depuis l’origine des temps historiques un léger affaissement[1]. C’est au moins ce que semblent indiquer quelques monumens mégalithiques retrouvés sous les flots. Elle portait anciennement le nom d’île d’Er ou d’Her. La vieille chronique de Saint-Brieuc la désigne sous le nom d’Herio. Ce vocable et les quelques dolmens qu’elle renferme permettent de croire qu’elle était autrefois habitée par les Celtes, et on y a même trouvé quelques débris de l’occupation romaine.

Son nom moderne n’est qu’une altération, c’est Hermoutier qu’il faudrait dire pour rappeler le Heri Monasterium qui y existait autrefois. Noirmoutier ne commence à paraître historiquement qu’en l’an 680, à l’époque de la fondation par Saint-Philbert d’un monastère sous la règle de Saint-Colomban. Les religieux de cet ordre portant régulièrement la robe noire, l’ancien prieuré est devenu assez naturellement Nigrum Monasterium, et l’île a pris le même nom, Noir-Moutier[2].

L’île de Noirmoutier peut être considérée comme à peu près soudée à la terre ferme. La mer découvre, en effet, à toutes les marées basses entre la pointe Sud de l’île et le continent. C’est la presqu’île de Guâ ou de Goâ, seuil d’alluvions dont le dépôt est favorisé par la neutralisation des ondes de marée qui se rencontrent l’une venant du Nord, l’autre du Sud. Ce seuil a été même artificiellement transformé en un véritable chemin carrossable, de 3 kilomètres de longueur, régulièrement empierré, mais intermittent, submergé deux fois par jour et coupé par une série de « défilés » dans lesquels il reste toujours un peu d’eau et où il faut guéer. C’est une des routes les plus pittoresques que l’on puisse voir. De distance en distance, des balises munies d’échelons et de petites hunes de sauvetage peuvent servir d’abri temporaire aux voyageurs qui seraient surpris par le flot. Le Guâ est éclairé la nuit par des feux de couleurs variées, et le passage est ainsi parfaitement assuré pendant plusieurs heures deux fois par jour.

Une autre communication, pour piétons seulement, existe un

  1. J. Girard, op. cit.
  2. Bertrand-Geslin, Notice géognostique sur l’Ile de Noirmoutier (Mémoires de la Soc. géol. de France, 1833) :
    J. Piet, Recherches topographiques, statistiques et historiques sur l’Ile de Noirmoutier, 1863.