Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 157.djvu/494

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvèrent un curé catholique, que les Boers toléraient, mais que les Anglais eurent soin de chasser[1]. Leur moralité est au-dessus de tout soupçon. Les liaisons avec les négresses, qui de tout temps ont été la honte et le fléau des peuples colonisateurs, sont, parmi eux, chose absolument inconnue. Leur vie conjugale est des plus pures, et l’alcoolisme ne les a jamais séduits. Aussi leur fécondité est-elle presque incroyable. Les familles de quinze enfans ne sont point une exception très rare, et d’en avoir jusqu’à dix est la mesure moyenne. Ajoutez à cela que leur longévité égale celle des Russes, et vous vous expliquerez leur augmentation vraiment surprenante.

Le capitaine Percival, en 1804, ne trouva que 60 000 personnes de leur race[2]. En 1822, ce nombre s’était accru jusqu’à 111 451. En 1866, les blancs du Cap seuls ne formaient pas moins de 187 439 personnes[3]. A présent, la population d’origine européenne, d’après le recensement de 1891, est de 376 957 âmes dans la seule colonie du Cap[4], de 285 270 dans le Transvaal[5], de 77 716 dans l’Etat libre[6], de 44 415 au Natal, formant un total de 745 581 âmes. Il faut encore ajouter à ce chiffre les blancs du Bechuanualand, de Griqua-West, de Humpata, et surtout un nombre assez élevé qui exprime l’accroissement continu depuis 1891. En calculant d’après les proportions de la période décennale précédente[7], cette augmentation serait de 2,60 pour 100 par an, de sorte que le chiffre de 900 000 âmes sera bien vite atteint. Sur ce chiffre, les Boers figurent pour 520 000, les autres nations ensemble pour 380 000. En tout cas, pour les Boers, qui, depuis 1804, sont montés de 60 000 à plus d’un demi-million, l’accroissement est sans aucun doute extraordinaire[8].

Ce qui rend ce fait plus intéressant encore, c’est que la fécondité est considérée parmi les Boers comme une bénédiction

  1. Theal, South-Africa, p. 139. — Dont 15 000 cavaliers ou hommes portant les armes. Account of the Cape, p. 273.
  2. Theal, South-Africa, p. 139. — Dont 15 000 cavaliers ou hommes portant les armes. Account of the Cape, p. 273.
  3. Chase, p. III du premier Appendice.
  4. The Argus annual, p. 400. Statemans yearbook, 1899, p. 184. Le Handbook, p. 233, donne le chiffre de 337 000.
  5. Staats-almanak, p. 36.
  6. Rapport de M. Aubert dans le Moniteur officiel du Commerce, 1898, p. 97.
  7. Cape Argus, p. 400-403.
  8. En 1891, sur un total de 1 527 241, représentant la population blanche et noire du Cap, proprement dit, 1 472 000 étaient natifs d’Afrique. 27 689 natifs d’Angleterre, 6 648 d’Ecosse, 4 186 d’Irlande, 6 549 d’Allemagne, 899 de Russie. 866 de Hollande, 696 de Suède et Norvège, 354 de la France, 343 du Danemark. Official Handbook, p. 234.