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semens du bos primigenius, des outils de corne de cerf, des fragmens de poteries très grossières, et ont permis ainsi de démontrer que le fond de la Loire était, vers le IVe siècle avant notre ère, à 4 mètres environ au-dessous du niveau des basses mers actuelles, et que le fleuve a dû être en cet endroit facilement accessible jusque vers le IIIe siècle après notre ère. On a donc été conduit à y placer assez rationnellement l’ancien Brivates Portus de Ptolémée, qui s’est complètement envasé depuis, et qui était, à l’époque gallo-romaine, l’un des havres les plus fréquentés de la région maritime de la Loire[1].

Le grand bassin de Penhouët vient à la suite, et communique avec le premier par une magnifique écluse de 25 mètres de largeur et de plus de 200 mètres de longueur de tête à tête, munie de quatre paires de portes busquées dans les deux sens, de manière que les niveaux des deux bassins soient indépendans, et que le bassin de Penhouët, qui est alimenté par de l’eau pure, ne reçoive que dans une bien faible proportion l’eau vaseuse qui pénètre à toutes les marées dans le bassin de Saint-Nazaire, ouvert directement sur la Loire toujours plus ou moins boueuse. La profondeur s’y maintient d’une manière à peu près constante à 8 mètres, tandis que celle du premier bassin est réglée naturellement par les hautes mers de morte eau, et peut varier entre 7m,50 et 6m,20.

Le bassin de Saint-Nazaire a une superficie de 10 hectares et demi ; celui de Penhouët a plus du double, 22 hectares et demi. Trois grandes formes de radoub en occupent le fond, présentant des largeurs d’entrée de 25, de 18 et de 13 mètres, et des longueurs de 150, 140 et 120 mètres, permettant non seulement les réparations des Transatlantiques, mais même, si cela était nécessaire, des vaisseaux cuirassés de notre flotte. L’ensemble des deux bassins, établis tout à fait dans le prolongement l’un de l’autre, présente ainsi une superficie de 33 hectares, un développement de près-de 4 kilomètres de quais, très larges, sillonnés de rails, munis de tous les engins perfectionnés pour de rapides manutentions. L’avenir même a été très largement réservé en vue d’un accroissement possible du mouvement commercial ; et il sera facile de réaliser quand on le voudra l’ensemble des grands projets conçus par les ingénieurs, de creuser, dans le prolongement du bassin de Penhouët,

  1. René Kerviler, Études archéologiques. Les Vénètes, César et Brivates Portus, 1893.