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travaux agricoles « gâte la main. » Pour les ouvriers suffisamment cossus, la pêche remplit très bien le but désiré.


III

A Ganges, ou dans les hameaux de la commune de Cazilhac, qui sont comme des faubourgs de cette ville, il existe actuellement huit maisons d’importance très inégale, fabriquant le bas de soie. Quelques-unes de ces entreprises sont des succursales d’établissemens similaires de Troyes ou de Paris, et l’une d’elles n’est que l’annexe d’un magasin de vente établi à Paris, rue de Rivoli, et tenu depuis plusieurs générations par une famille gangeoise : les M.., ayant conservé des attaches dans leur pays d’origine, où ils font exécuter les marchandises qu’ils détaillent eux-mêmes. Parmi les huit chefs de maison, deux sont d’anciens ouvriers ayant pu s’élever jusqu’au patronat. Quant aux travailleurs dont ces fabriques utilisent les services, la plupart appartiennent à de très anciennes familles du pays ; ils exécutent leur besogne presque toujours chez eux, opérant tantôt pour un entrepreneur, tantôt pour un autre, surtout s’ils sont habiles. Ils sont invariablement payés à la tâche.

Ganges ne fabrique aujourd’hui que l’article de luxe en pure soie, à l’exclusion des tissus mélangés ou de la bonneterie faite avec les déchets de soie.

Cette curieuse particularité, qui n’est que l’exagération d’habitudes très antiques, classe Ganges absolument à part. L’article de Troyes, même en soie, est plus commun ; les villes de Sumène et du "Vigan, voisines de Ganges, le village d’Arre-et-Bez, près du Vigan, travaillent aussi sur coton, ainsi que Nîmes, dont les fabriques très importantes ont des usines succursales à Meaux et à la Fère-Champenoise. De plus, l’industrie de la bonneterie de soie fine a complètement disparu de certaines localités de l’arrondissement de Montpellier et de cette ville elle-même[1].

Avons-nous besoin de disserter ici sur la nature d’un cocon de ver à soie ? Non certes, et il nous suffit de mentionner que cette enveloppe ovoïde résulte de l’agglutination des spires irrégulières d’une « bave » ou fil unique long de plus d’un kilomètre et sécrété par le ver, la soudure étant elle-même réalisée par une

  1. Ganges ne livre pas de maillot de soie pour le théâtre ; cet article s’obtient à Paris et à Troyes.