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affaire seulement à des flottes anglaises, n’a rien à attendre et n’a besoin de rien, pour ses approvisionnemens, du côté de la mer.

Enfin, on demande à nos escadres d’assurer la permanence de nos communications entre le continent français, la Corse, l’Algérie et les colonies. Ce que nous avons dit plus haut nous dispensera d’insister beaucoup pour réduire à sa juste valeur, qui est zéro, cet objectif. En temps de guerre avec l’Angleterre, en effet, ni la Corse, ni l’Algérie, ni la Tunisie, n’ont rien à craindre. Nos forces de terre, telles qu’elles sont, suffisent pour ôter aux Anglais, qui n’ont pas de troupes, dans le vrai sens du terme, toute velléité d’attaque sérieuse. D’autre part, la disposition géographique de notre empire colonial est telle que, sauf pour deux ou trois points comme Dakar et la Martinique, les communications entre les colonies et la métropole, dans une guerre avec l’Angleterre, doivent être résolument considérées comme coupées et impossibles à maintenir, eussions-nous une flotte égale en nombre à celle de l’Angleterre. Séparés, en effet, par l’Égypte et la Mer-Rouge de nos possessions de l’extrême Orient, n’ayant et ne pouvant avoir, entre elles et les ports de France que des bases de ravitaillement isolées elles-mêmes de la métropole, nous devons admettre qu’en cas de guerre avec l’Angleterre, toutes nos colonies seront abandonnées à elles-mêmes et que les forces en service à terre, pour les raisons indiquées ci-dessus, suffiront à les protéger contre les navires de la Grande-Bretagne qui ne navigueront pas sur les fleuves et à travers les montagnes.

Il est raisonnable d’entretenir dans la mer des Antilles, dans le Pacifique, comme dans la mer des Indes et celle de Chine, quelques navires, pour épargner aux différens ports coloniaux qui y sont dispersés des insultes et des surprises exécutées, sans coup tirer, par les navires ennemis. Mais c’est tout ce que nous pouvons faire et tout ce qui est désirable. Dans un duel comme celui dont il s’agit, on ne veille pas sur les accessoires, sur les extrémités, mais bien sur les points vitaux, qui sont en France, au point de vue de la défensive, et en Égypte ou sur le territoire de la Grande-Bretagne, au point de vue de l’offensive.

D’après ce que nous venons de dire, les trois objectifs de la défensive sont écartés successivement, d’une façon absolue, l’Angleterre étant impuissante à rien faire qui puisse entamer, si peu