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Une série de petits abris existent encore dans les nombreuses découpures du Morbihan, dans presque tous les chenaux navigables qui séparent ses nombreuses îles ; ils ne sont guère fréquentés que par des bateaux de pêche et quelques rares caboteurs, dont le trafic est tout local. Seul, Port-Navalo qui fait presque face à Locmariaker de l’autre côté de l’embouchure de la rivière de Vannes, présente un certain intérêt. Port-Navalo paraît avoir existé de toute antiquité. On y a retrouvé des vestiges de la route romaine qui le reliait autrefois à Vannes. Le mouvement commercial est sans doute assez modeste ; mais la rade est précieuse pour la relâche des bateaux surpris à l’entrée du Morbihan par des coups de mer imprévus.

La presqu’île de Quiberon ferme à l’Est la baie du Morbihan. C’est un grand môle naturel en granit, de 15 kilomètres de longueur, implanté normalement à la côte, à laquelle il est rattaché par un mince pédoncule de sable et une chaussée artificielle qui ont à peine une dizaine de mètres de largeur près du fort Penthièvre. Les vagues de tempête auraient depuis longtemps brisé cette frêle soudure et Quiberon serait bien alors redevenu le petit îlot d’autrefois tout à fait détaché de la terre, comme l’indique son nom breton « Ker-be-ron, » terre rompue[1], si on ne le maintenait pas avec le plus grand soin par des travaux réguliers de défense. Au milieu de la rade ainsi protégée, s’ouvre une large échancrure dans laquelle le flot remonte à plus de dix kilomètres. C’est le fiord du Crach, sur la rive duquel est le petit port de la Trinité-sur-Mer, qui présente une entrée facile et un excellent mouillage. Les navires n’y échouent pas à basse mer et le ressac ne s’y fait pas trop sentir. La Trinité n’a d’ailleurs presque pas de mouvement commercial ; mais l’industrie ostréicole y a pris depuis un certain nombre d’années un assez grand développement, et on drague surtout dans les parages tout à fait voisins de petites huîtres ou naissains qu’on expédie immédiatement, pour les engraisser, sur d’autres points de la côte où se trouvent des parcs aménagés à cet effet.

La presqu’île et le golfe de Quiberon présentent encore d’autres bons abris. C’est d’abord le petit port du Pô, blotti dans une crique très tranquille à deux pas du célèbre village de Carnac visité par des milliers de pèlerins de la science et de l’art pour

  1. J. Girard, op., cit.