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très bons petits ports assez bien aménagés. L’Ile-Tudy est surtout un port de pêche, Loc-Tudy au contraire est presque exclusivement affecté à l’embarquement des produits agricoles qu’on vend un peu partout sur les côtes voisines et qui traversent même la Manche à destination de l’Angleterre ; ces expéditions atteignent et dépassent quelquefois 7 000 tonnes.

Un peu plus loin enfin, en remontant un peu la rivière, les caboteurs peuvent venir accoster les trois quais de Pont-l’Abbé dont le nom rappelle l’établissement monastique fondé au VIe siècle par les religieux de l’Ile-Tudy. Le chenal de Pont-l’Abbé n’assèche pas à mer basse et peut être utilisé comme port de relâche. C’est surtout le débouché d’une région agricole très productive, et le mouvement commercial atteint près de 15 000 tonnes dont les deux tiers au moins sont à l’exportation. C’est encore un des rares ports français qui expédient plus qu’ils ne reçoivent.

Deux derniers ports enfin avant d’arriver au promontoire de Penmarc’h : Guilvinec et Kérity, tous deux fort recherchés par les pêcheurs. Guilvinec est dans une anse profonde, ouverte aux plus mauvais vents ; mais la houle brisée par tous les écueils du large n’y est jamais très forte, et les nombreux bateaux qui pèchent le maquereau, très abondant dans cette mer rocheuse, le considèrent à bon droit comme un précieux secours. Kérity se trouve un peu plus loin, presque à l’extrémité du promontoire. C’est l’ancien faubourg et un débris de la grande ville de Penmarc’h qui paraît avoir été en pleine prospérité au XVe siècle. Par ses deux ports de Kérity et de Saint-Gwenolé, l’un au Sud, l’autre à l’Ouest, Penmarc’h entretenait à cette époque des relations suivies avec les principaux ports du Midi de la France et de l’Espagne et était presque l’égal de Nantes par le nombre et l’importance de ses arméniens. Le pays était alors beaucoup plus fertile, la mer même plus généreuse. De grands bancs de morues étaient souvent signalés au large de la pointe et une importante pêcherie abritée par une jetée dont on voit encore les blocs épars y était exploitée par les ducs de Bretagne. L’affaissement général du sol, un terrible raz de marée qui détruisit une partie de la ville et presque tout le port au XVIe siècle, la découverte des bancs de morue de Terre-Neuve, les pillages en règle opérés par le célèbre brigand gentilhomme Eden de Fontenelle pendant les guerres de la Ligue, les attaques incessantes de la mer contre laquelle on n’a pas essayé de lutter, ont fait peu à peu de la