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qu’aux barques de pêche et aux caboteurs d’un tonnage moyen. Ce modeste port de secours est enfoncé dans l’intérieur d’un petit nord rocheux, protégé du côté du Nord seulement, d’où viennent les plus grosses lames, par la presqu’île de Kermorvan. C’est très probablement là, nous l’avons vu, que devait se trouver l’ancien port celtique de Portz-Liogan et le Staliocanus portus de Ptolémée. Tout le trafic du Conquet, — 4000 tonnes environ, — est dû aux usines de produits chimiques qui traitent le varech ramassé sur les côtes et dans les îles voisines.

VIII

La grande baie de Douarnenez est séparée de la rade de Brest par une langue de terre et de rochers de près de 25 kilomètres qui s’étale, s’avance, et se ramifie en plusieurs branches, semblable à un long dard muni de pointes ou à une immense croix gammée. C’est la péninsule de Crozon dont les trois saillies extrêmes sont : au Nord, la pointe des Espagnols, qui ferme le goulet de Brest ; à l’Ouest, la pointe de Toulinguet un peu en amont de Camaret ; au Sud, le cap de la Chèvre, qui fait face à la terrible pointe du Raz de Sein située de l’autre côté de la baie. Ce magnifique golfe de Douarnenez dessine presque les trois quarts d’une circonférence. Sa profondeur est de 21 kilomètres ; son ouverture, orientée directement à l’Ouest, n’est que de 8 kilomètres, très suffisante encore pour permettre l’entrée des grandes vagues du large. La baie est souvent très houleuse. Seul le petit havre de Morgat situé sur la rive Nord est assez bien abrité ; mais Morgat ne peut être qu’une relâche temporaire et n’est en fait qu’une station de pêche secondaire.

Douarnenez, au contraire, est peut-être notre premier port sardinier de l’Océan. Il paraît avoir existé de toute antiquité, et quelques archéologues assurent y avoir reconnu des vestiges d’une cité bien antérieure à l’occupation romaine. C’est peut-être un peu risqué ; mais l’emplacement au fond du golfe a bien pu de tout temps être recherché pour l’établissement d’un port d’une certaine importance, et on est assez fondé à y placer la station de Keris sur l’ancienne voie qui conduisait de Vergium (Carhaix) à la pointe du Raz[1]. Peut-être est-ce là aussi que se trouvait

  1. R. Kerviler, Voies romaines en Armorique, op. cit.