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allé attendre le jour du mariage à Rastadt, chez la princesse-douairière de Bade, sa belle-mère.

Il y avait un grand mouvement en Alsace et dans le pays rhénan pour les fêtes annoncées. Beaucoup de princes et seigneurs allemands, et parmi eux le duc et le prince héréditaire de Wurtemberg, arrivaient pour la cérémonie ; toute la noblesse alsacienne, mieux disposée en faveur du mariage que celle de Paris et de la cour, avait retenu ses logemens. Mlle de Clermont devait habiter hors de la ville, chez la grande amie des Leczinski et du maréchal du Bourg, la comtesse d’Andlau. Elle y fut reçue le soir du 14 août, à l’heure même où la cérémonie des fiançailles était célébrée au gouvernement par le cardinal-évêque. Toute la ville était en fêtes, et ce n’étaient que bals, festins, illuminations, salves d’artillerie et fontaines de vin coulant sur les places.

Les Strasbourgeois se souvinrent longtemps de ce 15 août 1725, où les rues pavoisées et enguirlandées virent le brillant mouvement des troupes autour des carrosses royaux, et personne n’oublia l’aimable jeune reine pour qui se déployèrent toutes ces joies. La majestueuse cathédrale fut remplie dès avant onze heures par la cour, les princes allemands et leur suite, la noblesse et les familles notables de la ville ; entre les tribunes dressées de chaque côté de la nef, les gardes du corps et les Cent-Suisses formaient la haie comme à Versailles. A midi, le cardinal de Rohan, les chanoines-comtes de Strasbourg et tout le clergé séculier et régulier de la ville reçurent la Reine sous le porche, et la conduisirent au chœur, toutes cloches sonnantes, au bruit des tambours, timbales et trompettes des gardes du corps. Précédée du grand maître des cérémonies du Roi, des ambassadeurs extraordinaires et de Mgr le duc d’Orléans, tenant la place de Louis XV, Marie traversa l’église, donnant la main au roi son père. Stanislas portait le cordon et la croix du Saint-Esprit, qu’il venait de recevoir du roi de France. Marie était vêtue de brocart d’argent garni de dentelles d’argent et semé de roses et de fleurs artificielles. La marquise de Linage portait la queue de sa robe, et la marquise de Rose, celle de la reine de Pologne. L’estrade où la princesse s’agenouilla d’abord entre ses parens était couverte de velours cramoisi semé de fleurs de lis d’or, et au-dessus pendait un grand dais de semblable velours descendant des voûtes.

Le roi et la reine de Pologne menèrent leur fille à l’autel ; le