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chaque princesse étant accompagnée pour la main et pour la mante ; enfin, toutes les dames de la Reine et les dames d’honneur des princesses du sang.

La chapelle de Fontainebleau a été aménagée pour recevoir beaucoup de monde et la richesse de la décoration paraît plus somptueuse dans ce cadre un peu étroit. Toutes les parties hautes sont tendues de velours bleu brodé d’or aux armes de France ; en bas, les bancs et les estrades sont recouverts de velours violet à fleurs de lis, et le chœur entier, de tapis de Perse. Un amphithéâtre pour la musique remplit la tribune royale ; les premiers rangs y sont occupés par les dames les plus brillantes, ainsi que des balcons construits tout autour de la chapelle jusqu’à l’autel, et d’où la vue plonge sur les espaces réservé aux secrétaires d’Etat et aux princes étrangers, qui s’y trouvent déjà placés, aux chevaliers du Saint-Esprit, et à la Cour.

Le cortège approche, musique en tête, et entre dans la chapelle. Les hérauts d’armes s’avancent pour rester debout au bas des marches de l’autel ; les chevaliers de l’Ordre entrent dans leurs bancs, et Leurs Majestés vont s’agenouiller sur la haute estrade, au-dessous du dais suspendu, tandis que les princes et princesses sont menés à leurs sièges plians et à leurs carreaux. MM. de Villeroy, de Mortemart et de La Rochefoucauld prennent place derrière le fauteuil du Roi ; MM. de Noailles, de Nangis et de Tessé, derrière celui de la Reine. Les aumôniers sont rangés de chaque côté, entre le prie-Dieu royal et l’autel. Alors sort de la sacristie le cardinal de Rohan, pontificalement vêtu, avec les évêques de Soissons et de Viviers, qui lui serviront de diacre et de sous-diacre. Le salut du marquis de Dreux avertit Leurs Majestés de s’approcher de l’autel. Tous les princes descendent avec eux de l’estrade, et le cardinal prononce son discours.

La reine Marie remplit pour la seconde fois ce cérémonial du mariage ; mais c’est aujourd’hui avec toute l’émotion de la réelle présence de celui qu’elle aime déjà. Les paroles qu’elle entend ont un ton bien différent de colles de Strasbourg. Le grand aumônier de France passe sous silence les souvenirs de Stanislas ; il évoque surtout la grandeur du trône de Louis XIV et les devoirs qui y sont attachés, appelant la paix sur le nouveau règne après tant de triomphes militaires.

Il donne au couple royal les louanges d’usage, annonçant à la jeune reine le bonheur que lui promet un tel assemblage de