Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais un examen attentif de la structure et de la direction du système montagneux ne révèle aucune trace de submersion, et l’on ne peut pas même considérer ce système comme formant le prolongement des montagnes de l’Inde, car il se trouve fort à l’est de la ligue des Ghauts.

L’île de Ceylan n’aurait point ses admirables paysages, que sa flore et sa faune incomparables suffiraient à justifier l’attrait qu’elle exerce sur tous les voyageurs. La richesse de la flore et de la faune s’explique par la situation de l’île entre l’Inde continentale et l’archipel malais : outre les espèces indigènes, on y trouve tout à la fois les espèces particulières à l’Asie et à la Malaisie. Un grand nombre de plantes de l’Amérique du Sud y ont été acclimatées, telles que l’arbre à quinquina, le caoutchouc, le cacao. Ceylan passe pour être le pays d’origine du riz et de la cannelle ; le coco-lier, qui forme un des principaux traits du paysage du littoral, y a été importé par les Hollandais. L’île est particulièrement riche en fougères, en orchidées, en plantes balsamiques, en bois d’ébénisterie ; on y trouve toutes les variétés de bambous et de palmiers. Parmi les palmiers, il n’en est pas de plus imposant que le talipot, de plus gracieux que l’aréquier ni de plus utile que le palmyra, que les indigènes font servir à cinq cents différens usages. La flore de Ceylan ne comprend pas moins de trois mille espèces indigènes, ce qui représente le double de la flore de la Grande-Bretagne et le trentième environ de toutes les espèces du globe actuellement connues. Le voisinage de l’Asie et de la Malaisie n’est pas la seule cause à laquelle il faille attribuer l’étonnante variété des productions végétales de l’île d’émeraude : cette variété est due aussi à la grande diversité de climats qu’on rencontre depuis le littoral jusqu’aux hautes cimes : c’est ainsi que les formes végétales qui nous sont familières en Europe se retrouvent dans les montagnes de Ceylan au milieu de la plus exubérante végétation tropicale. Presque tous les climats se rencontrent, d’ailleurs, dans cette île voisine de l’équateur, suivant qu’on parcourt le littoral humide et chaud du sud-ouest, les plaines brûlantes et arides de l’est et du nord, ou encore les plateaux froids et pluvieux du massif montagneux, exposée aux deux moussons, qui soufflent alternativement du nord-est, de novembre à février, et du sud-ouest, d’avril à septembre, l’île de Ceylan a le bonheur d’être hors de la région des cyclones du golfe du Bengale, des ouragans de l’île Maurice, et des éruptions volcaniques de