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dum-dum, utilisées par les Anglais aux Indes, tombaient sous le coup de cette prohibition. La plupart des jurisconsultes européens et surtout des jurisconsultes français résolvaient affirmativement cette question, tandis que les Anglais la tranchaient négativement. La troisième déclaration dissipe, sur ce point, toute équivoque et c’est pourquoi le plénipotentiaire du gouvernement britannique ne l’a pas signée. Il est vrai que, les Anglais étaient déjà liés par la déclaration de Pétersbourg, qu’ils avaient signée.

Qu’est-ce, au juste, que la balle dum-dum ? C’est une balle explosible recouverte par une enveloppe de métal, la partie supérieure de l’engin restant libre, et qui s’épanouit tantôt en champignon, tantôt comme les baleines d’un parapluie dans le corps humain. La blessure est « atroce, » a dit le chirurgien anglais Davis. Nous renvoyons le lecteur qui voudrait être renseigné plus exactement à l’étude comparative des effets produits par les différens projectiles, publiée, dans la première quinzaine de janvier, par un autre chirurgien dans l’Army and Navy Gazette. En les rangeant d’après la gravité croissante des blessures qu’elles déterminent, les balles dum-dum occuperaient le sixième rang[1].

Dès le début des hostilités, le général Joubert signala, dans une protestation adressée le 18 octobre aux consuls de toutes les puissances résidant à Pretoria, « l’emploi des balles dum-dum contre les armées des deux républiques. » Il est donc vraisemblable que les Transvaaliens n’ont pas menti lorsqu’ils ont déclaré, presque à la même date[2], avoir trouvé des balles dum-dum dans le camp abandonné de Glencoe. Ils sollicitèrent alors du Président Krüger l’autorisation de retourner ces projectiles contre leurs adversaires, mais celui-ci aurait répondu qu’il ne permettrait pas cette violation du droit des gens. Il paraît avéré qu’on préparait encore à l’arsenal de Woolwich d’importans envois de ces mêmes balles à destination de l’Afrique australe[3]. Ces projectiles furent plusieurs fois extraits du corps des soldats boers, par exemple après le combat d’Elandslaagte[4].

  1. Il faudrait encore assigner un rang supérieur aux balles Remington avec cavité dans le cuivre (n° 7), aux balles en plomb du Remington et du Martini-Henry (n° 8), aux balles en cuivre du Remington à cavité en cuivre ouverte et à balle en plomb à découvert (n° 9), aux shrapnels (n° 10), à la grenaille (n° 11).
  2. Voyez les journaux du 28 octobre.
  3. Voyez, entre autres journaux, la Liberté du 16 novembre.
  4. Voyez la déclaration de l’adjudant P. R. Kock, faite sous la loi du serment, le 8 novembre devant un juge de paix de Johannesburg, et publiée plus tard par les Standard and Digger’s news.