Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 158.djvu/667

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souhaité, à l’instar de ce qui s’est fait en Italie, en Suède et en Autriche, la création en France d’un comité de patronage de la dentelle à la main. Les femmes du monde peuvent beaucoup en cette affaire : par leur prestige, elles sont à peu près seules capables d’en remettre l’usage en honneur, et leur exemple peut déterminer un courant de la mode ; par l’autorité locale que leur donne leur situation de châtelaines, elles peuvent favoriser puissamment l’apprentissage de cet art en aidant à la réouverture des classes de dentelle. Ce faisant, elles donneraient par surcroît une haute leçon démocratique en montrant au peuple que ceux qui l’aiment le mieux ne sont pas toujours ceux qui le flagornent le plus.

C’est donc vers elles qu’il faut se tourner, c’est sous leur protection qu’il convient de placer cette aimable industrie. Le luxe et l’élégance peuvent avoir une utilité sociale, qui les excuse et mes justifie ; et « la dépense est vraiment le travail du riche, » si elle est sagement ordonnée et suivie dans ses destinations diverses. Qui donc obtiendra de celles qui détiennent la richesse ce petit effort de songer, avant d’en disposer, à qui va leur argent et quels offices il rémunère ! Quand voudront-elles que leur élégance soit bénie par celles qui peinent pour le service de leur beauté, et qui passent leur vie à satisfaire leur luxe, sans espoir de le jamais partager ?


FERNAND ENGERAND.