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que la stimulation a frappé l’organe sensoriel, le centre nerveux lui-même entre en activité. L’emploi d’artifices appropriés (constatation de la variation négative) apprend encore que tous les points de ce cordon de communication entrent successivement en activité.

On peut se représenter cette succession d’états d’activité qui se manifestent le long du nerf par la propagation ou le transport d’un quid proprium, cheminant de proche en proche. On l’appelle, aujourd’hui, l’influx nerveux.

Qu’est-ce que cet influx nerveux ? et comment peut-on s’en représenter la transmission ? Une question de ce genre s’est souvent posée, non plus en physiologie, mais bien auparavant, en physique, et particulièrement à propos de la propagation de la lumière et du son. Le problème s’y présente de la même manière. Un phénomène, qui s’est produit en un point A, se manifeste plus tard en un point B distant du premier, et progressivement en tous les points de la ligne A B qui les réunit. Cet état de choses fait naître l’idée d’une transmission, c’est-à-dire d’un mobile, dont la nature reste à fixer, et qui se déplace le long de la ligne.

Lorsqu’il s’agit d’imaginer la nature de ce transport, l’esprit n’a le choix qu’entre deux hypothèses. L’expérience et la réflexion ne lui en suggèrent pas d’autre : ou bien, c’est un transport de matière, analogue au mouvement d’un projectile ; ou bien c’est un fait analogue à l’ébranlement qui se propage à la surface d’un bassin où l’on jette une pierre, c’est-à-dire un transport de mouvement sans transport de matière, transport s’effectuant par communication de proche en proche, sans déplacement sensible et définitif du corps interposé. Ce sont les deux systèmes qu’en physique on connaît sous les noms de système de l’émission et de système des ondulations.

Descartes fut, en physiologie, le champion du système de l’émission. Il compare les nerfs à des tubes creux, à des canaux, dans lesquels circulent les esprits animaux. Ceux-ci sont formés d’une matière subtile qui s’écoule, à la façon d’un liquide, en soulevant des sortes de valvules qu’ils rencontrent sur leur passage.

L’image parut trop grossière aux savans du XVIIIe siècle. Haller suppose un agent plus quintessencié, l’effluve, — l’aura.

L’hypothèse commune à Descartes et à Haller, d’une sorte de