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1888 et 1889, dépassa 8 millions. Le Cambodge, le Laos, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Dahomey ne figurent pas au budget. Malgré le voisinage de la Chine, qui a rendu la pacification laborieuse, l’Annam-Tonkin ne coûte à la France que l’entretien des troupes : 25 millions pour une population de 15 millions dames, 1 fr. 70 par habitant. Ces possessions, presque toutes prospères et soumises au tarif général des douanes, ont créé un marché important pour la métropole, avec laquelle elles font 60 millions d’affaires, qui constituent aujourd’hui le principal aliment de notre marine marchande au long cours, sans compter les remises de fonds, provenant de bénéfices ou d’économies réalisées, qui atteignent une cinquantaine de millions, et viennent grossir chaque année l’épargne nationale.

« De pareils résultats font le plus grand honneur à notre administration coloniale. Pourquoi n’obtiendrait-elle pas les mêmes à Madagascar ? Ce sera facile, si le Parlement et le gouvernement décident en principe que les possessions d’outre-mer doivent payer sur le budget local, au début, leurs frais de souveraineté civile, et ultérieurement, les frais de souveraineté militaire, quand la sécurité sera définitivement assurée et l’outillage économique constitué. Nous ne craignons pas d’affirmer qu’en dehors des points de ravitaillement des flottes ou de pénétration d’influence, un établissement qui ne peut payer son administration civile et ses dépenses militaires est ou mal administré ou doté d’institutions au-dessus de ses ressources et de ses besoins. »

Ces fortes et judicieuses considérations, secondées par l’évidente nécessité de prendre une position nette vis-à-vis des puissances, triomphèrent de l’opposition, d’ailleurs assez molle, faite sur ce point au gouvernement. Le projet fut voté sans trop d’encombre dans les deux Chambres[1]. Il devint, après deux mois de procédure, la loi du 6 août 1896,

L’horizon diplomatique s’éclaircit aussitôt. Les notifications d’usage ayant été faites à Washington et à Londres, le gouvernement put aviser le résident général, dès la fin d’août, que les produits français, munis des certificats d’origine nécessaires, seraient désormais affranchis du droit de 10 pour 100 ad valorem à leur entrée dans l’île, et, ce qui était plus urgent au point de vue politique, il l’invita à donner des ordres aux « autorités judiciaires

  1. Nous parlerons plus loin de l’incident relatif à l’esclavage.