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recouvrement des impôts dont il n’a pu être question jusqu’à présent.

« Le gouvernement vous donne toute liberté pour rechercher et pour punir les auteurs des troubles qui se sont succédé presque sans interruption depuis que nous occupons Tananarive ; il approuve à l’avance la politique ferme que vous ne manquerez pas de suivre à l’égard de certains personnages de la cour d’Emyrne, dont les agissemens contre notre influence ont, d’ailleurs, été signalés à diverses reprises au résident général ; mais il a en même temps la plus grande confiance en votre modération vis-à-vis des classes inférieures indigènes qui ne font que suivre l’impulsion qui leur est donnée et peuvent être assez promptement gagnées à notre cause, si vous voulez bien indiquer à tous vos collaborateurs, aux titres les plus divers, la ligne de conduite à suivre pour se concilier les sympathies des races autochtones en tenant compte du tempérament de chacune...

« Au point de vue politique, il ne me reste plus qu’à vous indiquer les vues du gouvernement sur deux points qui préoccupent particulièrement l’opinion : le premier concerne l’administration des indigènes par les indigènes de même tribu, c’est-à-dire la suppression de l’hégémonie hova ; le second a trait à la question des cultes chrétiens à Madagascar.

« J’ai déjà, quant à l’administration des indigènes par des chefs de même race, exposé mes vues dans une dépêche au résident général en date du 23 mai dernier, dont vous trouverez ci-joint copie. Je les ai également fait connaître à la commission de la Chambre chargée d’examiner le projet de loi tendant à déclarer Madagascar colonie française, et qui a été adopté par le Parlement. Je n’ai rien à ajouter à ces explications annexées aux présentes instructions ; toute la question peut ainsi se résumer :

« Madagascar est devenue colonie française et le système qui consistait à gouverner l’île en exerçant simplement une action protectrice sur la peuplade dominante doit être écarté. L’action de la puissance souveraine doit maintenant se faire sentir directement par l’intermédiaire des chefs de chaque peuplade distincte et il vous appartiendra d’utiliser, au mieux de nos intérêts, l’autorité de ces chefs dans les diverses régions de l’île comprises dans les territoires militaires, en les dirigeant au moyen des résidens français, civils ou militaires.

« La question des cultes chrétiens a fait l’objet d’instructions