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L’INAUGURATION DE L’EMPIRE LIBERAL

II[1]
LES EFFETS DU DÉCRET DU 24 NOVEMBRE


I

L’Empire libéral était en germe dans la Constitution de 1852, car, nous ne saurions trop y insister, dès qu’il existe une Chambre élue votant le budget et les contingens militaires, délibérât-elle dans une cave, sans aucun soupirail ouvert sur la rue, fût-elle le résultat de candidatures officielles qui, tôt ou tard, se transforment en candidatures indépendantes, il n’y a pas despotisme. Pendant bien longtemps, les séances du Parlement anglais furent secrètes : nul étranger n’y était admis ; aucun compte rendu n’était permis aux journaux ; les élections étaient le résultat de la vénalité et de la corruption et émanaient de bourgs pourris, et cependant le Parlement anglais était déjà le maître de l’Etat. Dans la Constitution de 1832, toutefois, la liberté était comme la graine renfermée dans une gaine qui l’étouffé. C’est le décret de 1860 qui l’a fait éclater et éclore ; elle n’a cessé depuis de grandir jusqu’à ce qu’elle eût atteint son complet épanouissement en 1870.

Les droits concédés par le Décret du 24 novembre étaient de sérieuse importance.

« Le premier pas qu’a toujours fait en France le despotisme, a noté Benjamin Constant, a été de dénaturer ou de supprimer les

  1. . Voyez la Revue du 15 mai,