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à sir George Napier, gouverneur de la colonie du Cap, une adresse dans laquelle ils exposaient qu’ils avaient réussi, pai la grâce de Dieu, à fonder une paix durable avec les nombreuses nations sauvages qui les entouraient et qui avaient été si longtemps opprimées ; mais que ce qui assombrissait les belles perspectives de cette paix, c’était la pensée qu’il n’y avait pas, entre eux et leur ancienne patrie, cette sympathie qu’ils voulaient voir établie d’une façon solide et durable. A la suite d’une résolution prise par le Volksraad, ils soumettaient respectueusement à Son Excellence, représentant de Sa Majesté la Reine d’Angleterre, le vœu qu’il plût à Sa Majesté de reconnaître et de proclamer le droit qu’ils avaient si chèrement payé de leur sang de constituer une nation libre et indépendante. Et, en vue d’arriver à un règlement amiable des relations futures entre la colonie du Cap et le Natal, ils exposaient les termes d’un projet d’alliance entre la république du Natal et le gouvernement britannique.

Plusieurs mois s’écoulèrent avant que les Boers connussent la réponse de l’Angleterre à leurs propositions. À cette époque, on discutait beaucoup au Parlement la question de savoir s’il ne fallait pas réduire un empire colonial qui semblait devoir prendre trop d’extension, et cette opinion paraissait justifiée par les dépenses qu’entraînaient les guerres soutenues contre les Cafres de l’Afrique, les Indiens du Canada, les Maoris de la Nouvelle-Zélande. Cédant à ce courant, le gouvernement répugnait à étendre les établissemens de l’Afrique du Sud. Aussi le secrétaire d’État pour les Colonies, dans sa réponse aux dépêches du gouverneur du Cap, lui laissa-t-il la faculté de régler la question comme il croirait convenable, tout en insistant, toutefois, sur ce que « Sa Majesté ne pouvait reconnaître l’indépendance de ses propres sujets ; qu’au point de vue du commerce, les émigrans devaient être mis sur le même pied que les autres établissemens britanniques ; et qu’une force armée devait être envoyée chez eux pour les protéger contre les entreprises de toute autre puissance européenne. »

Ainsi, rien n’avait servi aux émigrans de rompre à jamais les liens qui les rattachaient à leur pays natal et de s’aventurer au prix de mille souffrances, à travers l’inconnu, à la recherche d’une nouvelle patrie ; suivant la théorie de l’impérialisme anglais renouvelée de l’impérialisme romain, ils avaient conservé le caractère indélébile de sujets britanniques. Sir George Napier le