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comparé certains des objets provenant des fouilles d’Abydos avec cette statue, car j’avais dit que la facture et l’époque avaient été les mêmes : il n’est plus possible désormais d’en douter : les objets que j’ai rencontrés au cours de mes fouilles et la statue de Gizeh sont bien de la même époque, ils contiennent des inscriptions semblables et la disposition des hiéroglyphes est tout aussi primitive sur la statue que sur les objets d’Om-el-Ga’ab et sur ceux-ci que sur celle-là.

Et maintenant, à qui ce vaste monument avait-il été élevé ? Lorsque je le rencontrai, je ne pus réussir à reconnaître ceux en l’honneur desquels il avait été construit : poursuit que j’étais par l’idée et le désir de rencontrer quelques-uns de ces Mânes que j’avais déjà, me semblait-il, trouvés l’année précédente, ou même de voir tout à coup mis entre mes mains quelque document historique m’éclairant d’une lumière non douteuse sur l’époque à laquelle remontaient les tombeaux ouverts par mes ouvriers, j’étais passé à côté de l’identification réelle de la tombe, quoique j’eusse en main tout ce qu’il fallait pour la reconnaître.

Je disposais en effet d’une quantité de documens disant clairement à qui était ce tombeau. Il est vrai que ces documens en dernière analyse se réduisaient à un seul, car c’était. le même qui avait été répété des centaines de fois, soit à l’état simple, soit à l’état amplifié. Ce document n’est autre chose qu’un bouchon ayant servi à luter l’ouverture des vases sur lesquels il a été appliqué : grâce à un cylindre gravé préalablement, la gravure ou inscription a été reproduite sur la terre. Voici la description totale du plus développé : sur la maison du défunt, représentée par un rectangle avec portes au bas, sont affrontés l’oiseau qui désigne Horus et le quadrupède qui désigne Set : tous deux sont coiffés de la double couronne, rouge et blanche, certifiant qu’ils ont régné à la fois sur la Haute et la Basse Égypte. Dans la partie supérieure du rectangle, sont huit signes hiéroglyphiques disant : « Ont paru combattant avec leurs deux casse-tête les deux dieux, ils se sont couchés ici, » c’est-à-dire : « Pendant leur vie mortelle, ces deux dieux ennemis se sont fait la guerre, » — Horus voulait venger son père Osiris frauduleusement mis à mort par son oncle Set ; — « la paix s’est faite dans la mort, qui les a réunis en ce tombeau. » Il n’y a donc aucun doute à avoir : le tombeau est bien celui de Set et de Horus ; et dès lors on comprend très bien la présence d’armes en grande quantité et de vases de métal