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VI

Toutes ces matières colorantes artificielles sont des produits dérivés du goudron de houille. Le nombre s’en est prodigieusement étendu depuis leur première apparition. Celles du début étaient dérivées de la benzine et de son homologue la toluidine, matières premières des couleurs d’aniline ; un autre carbure d’hydrogène, l’anthracène, a donné naissance à l’alizarine et à ses dérivés, qui peuvent être regardés comme des colorans anthracéniques. Il y a eu de même des colorans naphtaléniques.

Cette manière de classer les matières colorantes d’après le carbure originel auquel chacune se rattache ne va pas sans difficultés ; et, d’autre part, l’on ne peut en employer de meilleure avant de connaître les causes intimes de la faculté colorante des produits organiques et le lien qui la rattache à leur constitution chimique. L’aniline est incolore ; de même la rosaniline, mélange d’aniline et d’un homologue, la toluidine. La simple oxydation de ce mélange produit des teintes d’un éclat merveilleux : des modifications légères dans le traitement donnent à ces couleurs une variété qui est comparable à leur richesse.

Il y a ainsi des composés organiques qu’un très léger changement transforme en colorans divers. Il n’est pas nécessaire de dire qu’il y en a un plus grand nombre à qui des modifications, même profondes, ne confèrent pas cette propriété. On doit admettre qu’il existe une relation entre la constitution intime d’une matière tinctoriale et sa propriété de colorer la lumière qui la frappe ainsi que de communiquer cette propriété aux fibres des tissus, en s’y fixant. Les chimistes ont cherché à saisir cette relation. M. Haller a résumé, dans son rapport, les idées qui ont cours à cet égard et les tentatives de classification qu’elles autorisent.


Une première observation due à MM. Grœbe et Liebermann trouve ici sa place. C’est que la plupart des matières tinctoriales de synthèse se décolorent lorsqu’elles fixent de l’hydrogène, de quelque manière que se produise cette fixation.

L’atome du métalloïde peut s’ajouter simplement à l’édifice, comme il arrive dans le cas des colorans azoïques. On comprend, sous ce nom, des substances très nombreuses dont la fabrication a pris un essor considérable et qui représentent peut-être les