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la psychologie du sport.

gent par lequel périt l’athlétisme démocratique de l’ancienne Grèce. Sa beauté morale sombra avec l’esprit de lucre et le monde d’à présent est trop l’esclave de la richesse pour que pareil destin ne soit pas à craindre pour les sports renaissans. Mais, s’ils surmontent ce péril, on s’apercevra, je crois, qu’ils ont peu changé ; les formes sont en partie nouvelles, l’esprit est demeuré le même. L’instinct sportif est toujours inégalement distribué. Ne l’a pas qui veut. Et parmi ceux qui l’ont, tous ne vont pas jusqu’au bout de ce qu’il peut donner. Tous n’y cherchent pas la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. Ceux-là, pourtant, me semblent plus nombreux qu’on ne le croirait d’abord. De sorte qu’on en peut tirer cette conclusion, qu’aujourd’hui comme jadis, la tendance du sport est vers l’excès. Voilà sa caractéristique psychologique par excellence. Il veut plus de vitesse, plus de hauteur, plus de force… toujours plus. C’est son inconvénient, soit ! au point de vue de l’équilibre humain. Mais c’est aussi sa noblesse, et même sa poésie.

Pierre de Coubertin.