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solde d’avance, La majeure partie de mes troupes, embarquée depuis vingt jours, a dépensé les deux tiers de ce qu’elle a reçu. Il ne reste plus rien à la Marine pour faire de nouveaux approvisionnemens et nourrir les passagers. Les officiers de marine et leurs matelots réclament un arriéré de plusieurs mois. On avait promis aux troupes de terre une avance de trois mois de solde. Il n’y a pas à la caisse du payeur divisionnaire de quoi en payer un seul et, aurait-il des fonds, qu’il n’a pas d’ordres.

J’ai passé les troupes en revue ; je les ai trouvées dans un état de nudité qui fait pitié. Il ne reste pas une guenille dans les magasins de Brest ; j’ai cependant, à force de sollicitations, obtenu de l’ordonnateur en chef de la Marine une chemise bleue par soldat. Je devais trouver 2 000 habits d’uniforme, des gibernes, des armes, pour les transporter en Irlande ; je ne sais si le département de la Guerre a donné des ordres, mais il n’y a rien de tout cela à Brest. C’est encore la Marine qui a bien voulu me prêter 500 briquets pour armer les grenadiers et les sous-officiers. La cavalerie que j’emmène devrait se trouver à Guingamp ; elle est encore à Nantes et ne pourra pas être à Brest avant huit jours. Je devais avoir 200 canonniers et je n’en trouve pas cent, tant à pied qu’à cheval. Enfin, le commissaire des guerres et ses administrations ne sont pas encore arrivés.

Je suis convaincu qu’il me suffira. Citoyen Ministre, de vous faire connaître ces difficultés pour qu’elles soient levées. Le moyen le plus efficace est l’argent ; sans argent on ne fait pas la guerre.


Au même.


16 fructidor (2 août).

J’ai reçu, ce matin, les Adresses adressées aux Irlandais, en français et dans leur langue. Je les répandrai à profusion dans le pays. Je vous envoie copie de ma proclamation ; je la ferai distribuer en abordant en Irlande.


Le général commandant f armée française en Irlande aux Irlandais réunis.


Irlandais,

La persécution que vous éprouvez d’un gouvernement atrocement perfide a excité des sentimens d’indignation et d’horreur dans l’âme des amis de l’humanité. Tous les hommes libres déplorent